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24 juillet 2012 2 24 /07 /juillet /2012 14:03

                                                                            
                             Abraham CHABO

Le mandat de monsieur Kabila, si tant est que l'on puisse l'appeler ainsi, expire en 2016 je crois. Ce sera à cette échéance-là que le peuple congolais devra prendre ses responsabilités. Qui peut penser qu'à ce moment-là, le peuple se souviendra de celle ou de celui qui aura été porte-parole de l'opposition pendant les cinq années de Kabila? Dans tous les 

pays du monde, les peuples se fichent complètement des étiquettes. Ils se souviennent de celles et ceux qui viennent à leur rencontre, pour essayer de trouver les solutions à leurs problèmes. Le peuple congolais n'échappe pas à cette règle.

 

Alors, au regard de cela, le Président de l'Union pour la Nation Congolaise  a-t-il besoin d'être porte-parole de l'opposition pour exister? La réponse est non. Et même trois non.

 

Le Président Vital Kamerhe a été candidat à l'élection présidentielle, pour le moins, chaotique de novembre dernier. Il est allé à la rencontre de notre peuple, lui proposant un projet, qui plus que jamais, est d'actualité dans les moments si difficiles que traverse notre pays.

Au sortir de cette élection, et d'après les chiffres, au demeurant faux, de la fameuse  Commission électorale nationale indépendante, Monsieur Kamerhe en est sorti en position de "troisième homme". Dans un contexte où le Patriarche Etienne Tshisekedi se dirige tout doucement vers la fin de sa riche carrière politique, où le président du Mouvement de Libération du Congo, le sénateur Jean-Pierre Bemba Gombo est toujours pris en otage par la Cour pénale internationale, alors qu'il est désormais de notoriété publique que son dossier d'accusation est vide, où Léon Lubicz  Kengo wa Dondo hâte le pas vers la fin de sa carrière aussi, même si, il faut bien l'avouer, n'a jamais créé l'unanimité autour de son nom dans le pays, la situation et les circonstances placent de faits  Monsieur Vital Kamerhe au devant de la scène comme porte-étendard de l'opposition  au régime en place en République Démocratique du Congo. A ce titre, il me semble qu'il n'a pas besoin d'aller s'enliser, pire s'épuiser dans d'interminables débats  qui s'apparentent plus à de la distraction pour désigner, comme on le dit dans cette tendance, le porte-parole de l'opposition. Il doit aller inlassablement à la rencontre de son peuple, comme il l'a toujours fait, l'écouter, aider à chercher des solutions  à leurs problèmes. A la démagogie du pouvoir, il doit sans relâche opposer la pédagogie. C'est ça que notre peuple attend d'un homme politique de sa carrure et, non pas ces interminables "débats" du bac à sable. La stature nationale, et même internationale de monsieur Kamerhe lui commandent maintenant de prendre de la hauteur. Il doit en toutes circonstances faire entendre la voix de la majorité silencieuse dans le pays; cette majorité qui n'a plus la moindre confiance dans le régime actuel. Ce sont là les clefs des années à venir. 

 

On peut ou ne pas vouloir l'admettre, mais la vérité est que l'Union pour la Nation Congolaise et son leader sont les seules forces structurées et organisées capables de porter une contestation crédibles des choix politiques de la " majorité" actuelle. Vital Kamerhe doit prendre la mesure de la situation, et prendre ses responsabilités. Le peuple à les yeux tournés vers lui.

 

Chabo.

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16 juillet 2012 1 16 /07 /juillet /2012 10:34

                                                                 
                             Abraham CHABO

 

Tous les congolais et leurs amis savent parfaitement que la principale ligne de front congolaise est cette lutte acharnée que notre pays doit inlassablement mener contre la pauvreté. Stopper sa progression, la faire reculer, car dans ce domaine, notre pays a pris un retard considérable par rapport aux autres. Personne ne doit détourner notre attention de cet objectif. Et sur ce front-là, j'ai toujours été en pointe pour dénoncer quand je l'ai trouvé justifié, les "oublis" voir même les négligences de ceux qui sont en chargement de la gestion de notre pays aujourd'hui. Je considère que certaines réformes nécessaires permettant de mettre le pays en ordre de bataille sur ce front ne sont pas encore entamées. Il faut dire que la lutte contre la pauvreté est une lutte qui demande beaucoup d’imagination, de sérénité et certainement moins de distraction. Et il ne faut pas s'y méprendre. Sur ce sujet, il y aura encore des débats inédits pouvoir-opposition dans le cadre démocratique dans notre pays.


Mais il faut aussi l'avouer, lorsqu'on mène une telle lutte, et qu'on doit en permanence être distrait par ces nébuleuses du genre "CNDP, M23" et probablement "M50" dans l'avenir, l'équation devient plus compliquée que prévu. Il faut donc en finir une fois pour toutes avec ces distractions afin de nous consacrer définitivement à notre lutte principale. Sur cette autre ligne de front, il faut bien identifier notre ennemi. Il ne s'agit pas du "M23", ni du peuple rwandais. Notre ennemi est connu; c'est l'oligarchie sanguinaire et criminelle qui s'est installée à la tête du Rwanda. C'est ça notre ennemi. Chacun de nous connait le parcours sanguinaire de cette oligarchie. Car faut-il encore le dire, cette guerre, est aussi une guerre des mots et de lettres, de rhétorique et de syntaxe. Le Congo ne peut jamais se lancer dans une guerre contre le peuple rwandais. Lorsque le conseil de sécurité de nations-unies, garant de la paix et de la stabilité dans le monde rend publique un rapport détaillé, avec des éléments de preuve irréfutables indiquant clairement que cette oligarchie s'est livrée au recrutement, à l'entrainement, à l'armement et à l'envoi sur notre sol de ses propres citoyens, dont la plupart sont des anciens criminels rapatriés, pour venir tuer des civils congolais innocents, cela s'appelle du crime organisé. Cela n'a rien à voir avec monsieur Kabila. C'est le peuple congolais qui est atteint dans son amour-propre. Cela veut dire aussi, que le message du conseil de sécurité est clair: "Nous connaissons ce qui se passe. Le Congo est en droit de se défendre, comme tout pays au monde, placé dans les mêmes circonstances." Tous les efforts de notre pays doivent désormais être orientés dans le sens d'aider le peuple rwandais à se débarrasser d'un tel régime qu'il subit depuis maintenant dix huit ans.
Il y a élément très très important que ce régime a réussi à faire oublier; ce que quatre vingt cinq pour cent de la population rwandaise lui est hostile. Et ces aventures criminelles à répétition au Congo sont justement destinées à faire définitivement oublier cette réalité. Aussi les scores électoraux du type soviétique brandis lors des farces électorales participent à cette mascarade.
C'est sur ces quatre vingt cinq pour cent de la population qui n'en peut plus que notre pays doit s'appuyer.
Bien sûr, il y a toujours quelqu'un pour dire: " c'est plus facile à dire qu'à faire. Mais comment faire" Moi, non plus, je ne sais pas vraiment comment faire. Je ne suis pas un militaire, mais il n'en reste pas moins que je sois un passionné de la stratégie militaire, au point d'interroger régulièrement ceux qui ont mené des grandes batailles avant nous, et qui avaient quelque chose à dire sur ce sujet. Parmi eux, il y en a un pour lequel je voue une admiration sans limites: le général Sun Tzu, l'auteur de l'ART DE LA GUERRE. Il dit:

"Maintenant,voici les cinq élément de l'art de la guerre:
I. La mesure de l'espace.
II. L'estimation des quantités.
III. Les règles de calcul.
IV. Les comparaisons.
V. Les chances de victoire.

Les mesures de l'espace sont dérivées du terrain;
les quantités dérivent de la mesure;
les chiffres émanent des quantités;
les comparaisons découlent des chiffres;
et la victoire est le fruit des comparaisons."

Ces propos nous incitent collectivement à nous interroger sérieusement sur le mythe de la prétendue "supériorité" militaire de ce régime criminel de Kagame sur les FARDC. A-t-on des informations suffisantes sur le nombre d'hommes qui composent son armée,combien d'avions de combat,d'hélicoptères, de camions de transport de troupes, de médecins, des pilotes de chasse dispose-t-elle? A quelle hauteur peut-il mobiliser les rwandais dès lors qu'une majorité d'entre eux lui sont hostiles? L'économie rwandaise qu'il faudra priver de la manne du coltan extrait chez nous, peut-elle supporter une guerre de longue haleine? Quelles sont les nouvelles alliances que ce régime peut encore nouer dans le contexte actuel? Il appartient à nos services d'intelligence de nous fournir ces informations. Bien sûr, notre objectif doit être de ne pas aller à une confrontation directe. Il faut tout faire pour provoquer un soulèvement au Rwanda même. Et là encore, nos services doivent être sur la bêche. Alors, les gars de l'ANR, au boulot. Voilà votre chantier.

Chabo.
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9 juillet 2012 1 09 /07 /juillet /2012 06:19
Dans une course cycliste, il y a parfois des victoires d'étapes qui ont une saveur particulière, au point de faire oublier un temps que le maillot jaune est porté par d'autres. Celle que vient de remporter la République Démocratique du Congo au conseil de sécurité des nations-unies est de celles-là.

En réussissant à faire publier contre l'avis des Etats-Unis et bien sûr du Rwanda, le rapport indiquant clairement l'implication de ce pays dans la fausse mutinerie des criminels de la bande à Ntaganda, la diplomatie congolaise a démontré qu'elle pouvait aussi être agressive et efficace. Car au fond, cette décision du conseil de sécurité prouve que le Congo n'est plus seul, qu'il a des amis, des vrais; et pas seulement des braconniers qui adorent l’éléphant pour ses défenses.

Alors oui, en tout patriotes que nous sommes, nous ne ferrons pas de fausse modestie en voulant dissimuler que cette victoire, certes symbolique, nous fait beaucoup de bien. Même si nous ne nous berçons pas d'illusions quant à la fin de la course. En politique comme en diplomatie, les symboles ont leur importance. Personnellement, j'ai souvent prononcé des réquisitoires impitoyables contre le régime de Kinshasa quand j'ai estimé cela nécessaire, mais dans le cas présent, je suis solidaire avec lui, car je considère qu'il s'agisse de la survie de Fizi-Itombwe que du Congo, il ne doit pas y avoir des camps. Je considère que l'on peut ne pas être d'accord avec Kabila, mais on ne peut pas le de n'avoir rien fait pour essayer d'avoir des relations de confiance avec le Rwanda. Car je considère enfin que la surenchère rwandaise ne choisira pas de gouvernement à Kinshasa. Qu'il s'agisse du gouvernement Kabila que de quelqu'un d'autre, tant que le régime Kagame ne sera pas mis hors d'état de nuire, la situation restera la même pour nous. C'est pourquoi, je ne comprends pas certaines formes d'opposition qui sont là uniquement pour s' "opposer" sans bien lire la situation. Et c'est aussi dans cet ordre d'idées que je souhaite ardemment que le sommet de la francophonie se tienne à Kinshasa. C'est un grand moment diplomatique pendant lequel notre pays peut passer des messages.

Réagissant  à la première épopée meurtrière et criminelle de James Kabarere et compagnie d'il y a quatorze ans, Laurent-Désiré Kabila, en vieux maquisard pour lequel je n'ai jamais eu de sympathie particulière, avait prévenu: " La guerre sera de longue haleine", avant de prédire que   " c'est  le peuple congolais qui aura le dernier mot, car la guerre qu'il mène est juste." Bien sûr, nous n'en sommes pas encore là. Mais en " isolant"  les USA au conseil de sécurité, le peuple congolais ne peut-il pas crier victoire? C'est une victoire morale sur les Etats-Unis qui, de l'aveu  même de leur ancien Président Jimmy Carter," ont perdu le leadership moral dans le monde."

Il va falloir maintenant concrétiser cette victoire sur le terrain. Je sais que l'on va tout de suite m'opposer la perte de Bunagana, mais cela ne m'impressionne pas personnellement. Nous en avons vu d'autres.
La concrétisation  de cette première victoire diplomatique sur le terrain passe par la mobilisation, la dynamisation et l'entretien d'une dynamique interne s'appuyant plus sur la population. Cela va demander au pouvoir de Kinshasa de prendre de la hauteur quitte à présenter son mea culpa pour les erreurs commises dans le passé. On ne peut pas gagner une guerre de longue haleine sans le soutien de son peuple. Tous les grands stratèges militaires vous le diront.

Alors oui, notre gouvernement doit maintenant raviver, je dirais même surfer sur la fibre nationaliste, tout évitant les pièges du genre de celui dans lequel était tombé Abdoulaye Yerodia Ndombasi il y a quatorze ans en déclarant qu'il fallait " écraser la vermine". Chacun se souvient encore que cela lui avait valu une tentative de lynchage par la justice belge. Nos compatriotes y sont extrêmement sensibles.
Ma plus grande crainte est que le pouvoir à Kinshasa ne se voit pas pousser des ailes par cette victoire, et s'en serve pour malmener encore sa propre population. Ce qui, à coup sûr, ne lui ferra que hâter le pas vers sa propre perte.

Chabo.

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28 mai 2012 1 28 /05 /mai /2012 20:14



Vital Kamerhe propose aux opposants de désigner le porte-parole de l’opposition par consensus. Il a présenté cette proposition lors d’un séminaire sur «l’avenir de l’opposition en RDC» organisé du 23 au 24 mai, à Notre Dame de Fatima, à l’initiative de la Fondation Konrad Adenauer. Il a plaidé, à la même occasion, pour l’unité de l’opposition.
Gilbert Kikwama est allé dans le même sens. Tout comme Jean-Baptiste Bomanza qui a souhaité une large cohésion des forces de l’opposition.
(Ci-dessous l’intégralité de la conférence de Vital Kamerhe).

Avant toutes choses, permettez-moi, Mesdames et Messieurs, de saluer l’heureuse et opportune initiative de l’organisation des présentes assises autour du thème : « L‘opposition politique et le processus démocratique en RDC ». Que les organisateurs du présent séminaire trouvent ici l’expression de nos encouragements et de notre appréciation pour ce programme, autant que nos remerciements pour nous avoir associé à cet exercice d’évaluation et de prospective en nous proposant de réfléchir sur « L’avenir de l’opposition en RDC ».

Je m’éloignerais certainement des attentes des organisateurs et de cet auguste auditoire si j’abordais la question dans une approche dogmatique qui n’aurait aucun ancrage sur le contexte socio-historique et politique propre de notre pays et surtout aucune prise sur le sens réel et profond du combat de notre peuple pour la démocratie, la liberté, le développement et l’avènement d’un Etat de droit.
Long, difficile, mais exaltant combat contre la servitude sous toutes ses formes, pour la matérialisation de la grandiose destinée de notre pays. Combat pour l’épanouissement et la dignité des citoyens congolais.
Engagement pour les valeurs républicaines et de gouvernance démocratique. Bref, engagement pour une opposition constructive, basée naturellement sur la critique sans failles de l’action du gouvernement ; mais aussi assortie des propositions pour qu’ensemble dans une démarche dialectique nous puissions améliorer les conditions de vie dans notre pays, sinon l’Opposition ne servirait à rien si elle n’est pas porteuse d’une vision et surtout d’un projet meilleur à celui du pouvoir dont elle se constitue de façon légitime, l’alternative crédible, susceptible de récréer l’espoir dans les coeurs de nos concitoyens et d’engager résolument le peuple congolais dans la voie vers le rendez- vous avec l’espérance et son histoire.
Aussi voudrais-je vous proposer d’aborder la question de « l’avenir de l’opposition en RDC » à partir des quatre interrogations suivantes :
1°) Pourquoi faut-il une opposition en démocratie dans le contexte spécifique de la
RDC?
2°) De quelle opposition la RDC a-t-elle besoin ?
3°) Quel est le profil actuel de l’opposition congolaise ?
4°) Face aux handicaps qui l’affectent, l’espoir est-il permis de construire enfin une opposition républicaine et responsable ?


Pourquoi faut-il une opposition en démocratie dans le contexte de la RDC?

Il faut ici prendre conscience et convenir de ce que la bonne santé de la République et de la Démocratie se donne et se mesure notamment à la qualité, la force, la solidité et le sens des responsabilités de l’opposition politique dans le pays. D’elle en effet dépend une perception qui puise sa pertinence dans la saine contradiction des idées et des opinions, la critique constructive, la tolérance mutuelle entre les acteurs socio-politiques. D’elle dépend aussi le respect et la considération du peuple, électeur et souverain primaire, dans ses choix et ses aspirations, ses besoins et ses attentes.
D’elle dépend enfin la matérialisation de l’alternance politique, en tant que l’un des principes-clé de la vie démocratique qui impose aux gouvernants l’obligation de la redevabilité et reconnaît au peuple souverain le droit au changement de ses choix politiques, et de ses expériences de gouvernance en fonction précisément de ses attentes et de ses aspirations.
En définitive, une opposition solide, responsable et républicaine, est gage de ce que l’on appelle « une bonne respiration démocratique ». Elle est garante de la bonne gouvernance dans le respect des droits humains et des libertés fondamentales de la personne. Elle est l’antidote aux dérives autocratiques et à l’accaparement patrimonialiste de l’Etat qui sont la première tentation de tout pouvoir. Elle est, finalement, caution de la légitimation du pouvoir politique institutionnel dévolu aux dirigeants issus du suffrage majoritaire qui doivent gouverner au mieux des intérêts de tous, c’est-à-dire au-delà des seules préoccupations de celles et de ceux qui leur ont accordé leur vote, avec le souci permanent de confédérer à leurs vision et projets l’autre fraction de l’électorat dans le respect de la diversité des opinions.
Quiconque ne comprend pas ceci, ne comprend ni l République, ni la Démocratie. Il feint ignorer que « la souveraineté appartient au peuple de qui émane tout pouvoir qu’il exerce directement par voie de référendum ou d’élections ou indirectement par ses représentants » et qu’ « aucune fraction du peuple ni aucun individu rie peut s’en attribuer l’exercice ». Il considère le peuple des électeurs comme « sa base », en somme son piédestal, sa propriété personnelle. Et, au besoin par défi, par le recours à la violence ou par l’achat des consciences, il bâtira sa gouvernance sur le cercle étroit de ses partisans, se coupant ainsi des réalités du peuple profond et du pays, pour finalement se retrancher dans le radicalisme et la gouvernance des œillères.

Quelle opposition pour la RDC ?

C’est précisément pour faire barrage à pareille perspective que le Constituant de 2006 a mis en place une opposition républicaine. Dès les premières lignes de ses dispositions, spécialement à l’article 8 de la Constitution, dans la section consacrée à « la souveraineté », il explique ce qu’il entend par là. Il s’agit en fait d’une opposition « institutionnelle » à qui il est conféré des droits et avantages liés à son existence, à son fonctionnement ainsi qu’à sa lutte pour la conquête du pouvoir. Il dit ces droits « sacrés » ; ce qui signifie que nul ne peut y toucher et nulles autres limites que celles imposées par la Constitution à tous les partis politiques ne peuvent frapper ou affecter ces droits. Il faut noter que les dispositions de l’article 8 précité de la Constitution du 5 février 2006 qui établissent ces droits, s’inscrivent dans la logique des articles 6 et 7 précédents sur les partis politiques. Ces articles :
- indiquent la finalité des partis politiques qui est de concourir à l’expression du suffrage, au renforcement de la conscience nationale et à l’éducation civique ;
- posent la règle du respect des principes d’unité et de souveraineté nationale, de la démocratie pluraliste — le pluralisme politique ne pouvant par ailleurs, aux termes de l’article 220 de la Constitution, faire l’objet d’aucune révision constitutionnelle précise ;
- donnent aux partis politiques la possibilité de recevoir des fonds publics destinés à financer leurs campagnes électorales ou leurs activités dans les conditions définies par la loi ;
- font interdiction à quiconque d’instituer, sous quelques formes que ce soit, un parti unique et érigent ce comportement en crime imprescriptible de haute trahison. En conséquence, le. Constituant appelle à l’intervention d’une loi organique sur le statut de l’opposition politique. Cette loi a été votée et promulguée le 4 décembre 2007, parmi les tout premiers actes législatifs de la première Assemblée nationale que j’ai eu la charge de présider. Je peux vous assurer qu’à l’époque la pertinence et le caractère prioritaire de cette loi étaient loi étant loin d’être bien perçus par tout le monde, dans la majorité comme dans l’opposition. Je suis cependant heureux d’avoir fait voter cette loi dont la nécessité est aujourd’hui reconnue. Cette loi vient non seulement renforcer le caractère républicain de l’opposition, mais définit le cadre et les critères de son organisation et de son fonctionnement. Retenons qu’elle :
- protège rigoureusement l’opposition comme rouage important de notre démocratie et condition de la bonne hygiène démocratique de notre système politique ;
- reconnaît l’opposition comme gage de stabilité politique dans le cadre du fonctionnement des institutions démocratiques issues des élections ;
- prescrit les conditions susceptibles de contribuer à l’avènement d’une démocratie faite de tolérance, d’acceptation de l’autre et de débat libre et constructif, sur fond du pacte républicain garantissant l’alternance démocratique.
Ainsi, le Constituant et le législateur congolais, tout en « institutionnalisant » l’opposition, n’entendent pas la réduire en une caisse de résonance fonctionnant dans une idéologie et selon, le mode de la « pensée unique ». Ils veulent une opposition qui, dans la diversité de ses convictions et de ses opinions, ne partage pas moins avec les gouvernants la perception commune des valeurs républicaines essentielles et adhère mêmement aux enjeux de « l’exception nationale » et de l’intérêt national.
Une opposition également qui, au-delà des visions et des convictions propres à ses différentes composantes, sait se mettre ensemble en ordre de bataille pour permettre les changements voulus par la population et réaliser l’alternance démocratique.
Une opposition responsable, c’est-à-dire au fait des dossiers de l’Etat dans tous les secteurs de la vie publique et capable d’apprécier les actions positives du gouvernement comme de critiquer celles qui lui paraissent peu satisfaisantes en avançant des contre-propositions constructives.
Une opposition qui ne soit pas seulement contestataire mais aussi capable, le cas échéant, de proposer et de conduire des actions de gouvernement dans le cadre d’un leadership différent.
On peut se demander si ce profil d’une opposition républicaine, institutionnelle, responsable, imprégnée des enjeux de l’intérêt national, porteuse d’une vision et d’un leadership, correspond aux réalités de l’opposition congolaise ?

Quel est le profil actuel de l’opposition congolaise?

Fort malheureusement, a réponse est négative. Pour peu que l’on observe notre opposition, on se rend vite compte que là aussi, comme dans les sphères du pouvoir, le combat républicain et démocratique n’est, dans bien de cas, que de façade. Les opposants les plus farouches le jour s’associent au pouvoir la nuit pour des intérêts personnels. La duplicité, tartuferie, le mensonge, la suspicion facile, etc. sont, dans ces milieux aussi, règles de jeu politique.
Conscient que l’on ne peut construire la gouvernance républicaine et démocratique avec autant de handicaps, j’ai pensé concentrer mes efforts sur la nécessité de favoriser un leadership responsable et constructif au niveau de l’opposition. J’ai ainsi humblement approché, à plusieurs reprises le président Tshisekedi pour faire, autour de lui, front commun en vue de donner des chances d’alternance à notre gouvernance politique. La démarche s’est soldée par l’échec de la tentative de « Fatima ». L’expérience de « Sultani» ne connaîtra pas meilleure fortune. Dans un cas comme dans l’autre, le combat politique s’est longtemps focalisé sur la qualité vraie ou fausse de certains opposants, oubliant l’essentiel, à savoir l’organisation de l’opposition autour de stratégies et programmes communs en vue de remporter les élections.
D’autres initiatives seront prises. Elles connaîtront pratiquement le même sort :
- refus, faute de consensus, de procéder par les primaires au sein de l’opposition pour la désignation du ou des candidats aux élections présidentielle et législatives ;
- refus de se constituer en casting de candidats de l’opposition devant agir ensemble ;
- refus de s’inscrire dans la stratégie d’encerclement des candidats du pouvoir
- refus de la proposition d’une plate-forme commune des témoins de l’opposition aux élections présidentielle et législatives en vue d’une répartition équitable et rationnelle des charges entre les différents partis de l’opposition ;
- refus de faire recours à la Cour suprême de justice alors que ceci aurait permis de faire la démonstration de l’inféodation de cette haute juridiction au pouvoir ; etc. De même, les attitudes affichées par les uns et les autres laissent perplexes :
- dénonciation de la fraude électorale, vite oubliée pour saluer la victoire du candidat investi par la Cour Suprême de Justice ;
- adhésion sans condition à la majorité présidentielle en vue de briguer des postes ministériels et autres charges publiques ;
- prise de décision unilatérale à laquelle on entend associer et engager toute l’opposition ;
- retrait unilatéral et péremptoire d’un certain  nombre de députés en vue de boycotter l’Assemblée nationale, se privant ainsi d’un espace libre d’expression.
Tout ceci nous renvoie l’image d’une opposition dispersée, divisée et susceptible qu’aucun compromis, incapable par conséquent de saisir les opportunités qui s’offrent a elle, ni de déjouer les stratagèmes du pouvoir.
Quelques exemples suffisent pour l’illustrer.
- Pendant toute la législature passée, l’opposition s’est en quelque sorte sabordée par des querelles interminables sur le choix de son porte-parole.
Il est indiscutable que Monsieur Jean Pierre Bemba, challenger du Président Kabila aux élections de 2006, leader du MLC, première force de l’opposition à l’époque, était bien positionné pour être de droit et légitimement investi « Porte-Parole » de l’Opposition. Mais son absence au pays a mis en difficulté l’Opposition qui a envisagé de désigner tantôt un porte-parole intérimaire, tantôt un porte-parole rotatif. Deux projets de règlement intérieur ont même été proposés par deux groupes, l’un majoritaire et l’autre minoritaire de l’opposition.
Finalement la machine s’est bloquée.
- L’opposition a, d’une certaine manière, favorisé la crise politique post-électorale en laissant débattre, au niveau du Sénat, la modification de la Constitution alors que ce dernier avait légalement la possibilité de s’y opposer.
Elle a participé à la mise en place d’une CENI et d’un CSAC aux ordres du pouvoir. Elle a loupé l’occasion d’obtenir de l’ONU, sinon la certification des élections à laquelle cette organisation est devenue allergique du moins la désignation d’observateurs nommés par le Secrétaire général des Nations Unies à l’instar de ce qui s’est passé au Népal.
C’est précisément cette division, cette dispersion et cette absence de culture de compromis qui, hier aux temps de l’indépendance comme aujourd’hui, créent les conditions de nos nombreuses crises politiques, lesquelles sont fondamentalement des crises de légitimité du pouvoir et de la gouvernance.
Ces crises se nourrissent par ailleurs de la gestion personnalisée et catastrophique des ambitions et des positionnements au niveau de l’opposition ; le tout étant attisé par des pratiques éhontées et récurrentes de débauchage systématique des acteurs de l’opposition au moyen notamment de la corruption.
L’histoire politique de la RDC renseigne que le désordre de l’opposition se fait, tantôt sur fond de clivages et de sectarismes claniques, tribaux ou régionaux ignorant les enjeux nationaux ; tantôt sur la base d’une culture politique misant sur des hommes-seul, des hommes- fort ru des hommeslige, gourous de la pensée politique unique.
Cette conception d’une opposition structurée autour d’un pôle monolithique, campant de préférence dans le radicalisme à l’autre extrémité de l’action politique, a comme conséquence la marginalisation, le rejet, voire la diabolisation de tout agent ou parti politique qui se réclamerait de l’opposition dans une posture de divergence. De sorte que, l’opposition en RDC a systématiquement et régulièrement joué contre le pluralisme démocratique, contre la saine diversité des opinions, et donc finalement contre elle-même. Elle a oeuvré contre l’alternance démocratique au profit d’un pouvoir et d’une gouvernance monolithique, autoritaire et dictatoriale.
Notre histoire enseigne aussi que l’opposition radicale autant que l’opposition timorée ou de façade produisent au bout du compte les mêmes conséquences conflagratoires. Ainsi, même la majorité au pouvoir n’a aucun intérêt à entretenir ce genre d’opposition.

Face à tous ces handicaps, l’espoir est-il permis de construire une opposition républicaine et responsable ?
Je crois pouvoir répondre par l’affirmative à cette question. Les échecs du passé, leur poids sur la situation générale du pays ne peuvent que pousser vers un sursaut salutaire de notre classe politique. Les atouts juridiques exposés ci-dessus sont à notre portée. Il faut s’en saisir et les mettre en oeuvre. L’opposition en RDC n’a de l’avenir que si elle s’inscrit dans ce cadre constitutionnel et légal. L’enjeu n’est pas seulement de se choisir un porte-parole qui saura donner corps à un leadership collectif alternatif, mais aussi de se doter d’une organisation qui permette aux membres les plus influents ou les plus écoutés de l’opposition dé suivre tous les secteurs et dossiers de l’action gouvernementale pour apporter aux gouvernants les critiques et contre-propositions qui s’imposent et ainsi fédérer la majorité de l’électorat aux visions et projets de l’opposition, de façon à gagner les prochaines échéances électorales, à savoir celles des élections provinciales et locales, puis celles de la désignation des membres du Sénat, qui devraient être couplées avec les élections urbaines et municipales. Ces échéances devraient être pour l’opposition un test important de sa capacité à préparer l’alternance. Il s’agir d’éviter que toutes les deux chambres du Parlement ainsi que toutes les provinces et villes importantes du pays ne tombent sous le contrôle unique de la majorité au gouvernement. Il s’agit également de jauger, à partir des élections locales l’adhésion des électeurs de base aux projets de l’opposition. L’enjeu, c’est aussi d’oeuvrer en vue de la mise en place d’une Cour constitutionnelle qui serait garante de la régularité des élections ; d’une CENI restructurée de façon à y intégrer des représentants de la société civile et à renforcer sa structure par une assemblée plénière d’un CSAC qui se choisirait librement son bureau et fonctionnerait conformément à la loi ; etc.
Enfin, chacun doit comprendre qu’il est possible d’arriver à cet objectif malgré le hombre des députés de l’opposition. Car, comme l’écrit Monsieur Jean-François Copé, Secrétaire général de l’AMP en France, « (même) un (seul) député, c’est important ». Une minorité de grande qualité est, dans bien de cas, plus performante qu’une majorité de qualité mineure.
Rappelons-nous les 13 parlementaires qui ont, à eux tout seuls, donner du fil à retordre au Maréchal Mobutu jusqu’à ébranler définitivement son régime. Là où 13 parlementaires se sont montrés particulièrement virulents, pourquoi dix fois plus de députés ne réussiraient-ils pas ! De même, l’exemple de l’opposante historique birmane, Madame Aung San Suu Kyi nous conforte dans cette voie. Voilà une opposante qui gagne 44 sièges sur les 48 mis en jeu et qui accepte de prendre part à un parlement comprenant 800 députés. L’objectif pour elle étant de faire entendre les cris de détresse du peuple, elle a choisi de le faire à partir de la tribune des représentants en dehors de laquelle sa voix serait vite étouffée. Je pense que ce cas n’est pas très éloigné de la situation actuelle de l’opposition en RDC. C’est cela que j’appelle faire les choses autrement, pour ne pas dire « un autre Congo est possible ». Ce n’est pas parce que l’opposition a perdue la bataille de la présidentielle et des législatives dans les conditions qui ne méritent pas d’être rappelées ici, qu’elle doit se laisser aller et concéder sur un plateau d’argent à la majorité les autres échéances électorales qui restent et qui sont aussi déterminantes pour notre démocratie.

Le changement, comme le disait le Président français François Hollande, c’est maintenant aussi chacun de nous doit s’engager dans cet esprit dans les batailles politiques à venir. Je reste convaincu que, bien organisée et structurée, animée par un Porte-parole exerçant un leadership responsable et une équipe de personnalités ayant une visibilité certaine au sein de l’opposition dans sa diversité, celle-ci sera véritablement une instance institutionnelle qui apportera une saine contradiction au gouvernement, au moyen de critiques constructives et de contre-propositions positives, dans le respect des valeurs et des principes républicains et démocratiques. En d’autres termes, le Porte-parole devrait travailler en synergie avec les leaders de l’opposition qui ont un rayonnement certain dans leurs partis politiques et dans le pays. Ils seront à la tête des départements, regroupant différentes matières sociales (santé, éducation, travail, culture, transport), politiques, économiques et financières, sécuritaires et défense nationale, infrastructurelles, judiciaires, protections des droits humains, réformes institutionnelles, exploitation des ressources (mines, hydrocarbures, eaux, électricité), tourisme, protection et préservation de la nature, écoute citoyenne, coopération et affaires étrangères, etc. L’équipe devra naturellement intégrer des femmes et des jeunes auxquels des charges de responsabilité seraient confiées. Il est temps que l’exemple du Sénégal interpelle la classe politique congolaise quant à la place que les femmes et les jeunes, peuvent assumer dans les charges publiques aux niveaux les plus élevés.
Cette équipe disposera de toutes les informations et données de la vie nationale de façon à décortiquer utilement le programme du gouvernement, à surveiller et évaluer régulièrement les actions du gouvernement et à y apporter des contre-propositions républicaines et responsables, conformes aux vision et projets de l’opposition ainsi qu’aux ambitions et atouts de développement de la RDC, pour sa propre prospérité et pour celle de la sous-région.
Cette structure aura la responsabilité d’aborder et de débattre sans complaisance de toutes les questions d’intérêt national. C’est dans ce sens que j’invite d’ores et déjà l’opposition à tenir une grande assemblée pour analyser et donner son point de vue sur la situation préoccupante et instable à l’Est de la République ainsi que sur d’autres questions telles que l’organisation des élections locales, socle de la décentralisation à la base.
Ainsi, la désignation du Porte-parole de l’opposition et de toute son équipe, autant que l’organisation et le fonctionnement de cette instance apparaissent, dans les circonstances du moment, comme l’ultime opportunité pour que survive la démocratie en RDC. Tout doit donc être mise en oeuvre pour ce deal et cet enjeu. Il s’agit de ne pas rater cette seule chance qui s’offre à la République. C’est pourquoi, toutes les forces républicaines et démocratiques, acteurs politiques et de la société civile, avec l’appui et l’accompagnement du peuple congolais et de la Communauté internationale, devraient s’impliquer dans cette démarche. Et pour être réellement fédérateur de toutes les énergies, de toutes les forces, de toutes les intelligences, dont regorge la classe politique de l’opposition et les forces vives de notre pays comme à l’extérieur, je plaide pour que la désignation du Porte- Parole se fasse par consensus, même si par ailleurs, la Constitution prévoit qu’à défaut du consensus, celle-ci se fasse à l’issue d’un scrutin à deux tours.
Et pour que ce consensus soit obtenu, nous devons, dans l’humilité et dans l’amour de l’autre, et uniquement mu par la volonté d’être au s vice de notre peuple, nous parler. Nous devons dialoguer, nous devons engager des concertations sincères en vue de nous donner des garanties et de nous faire des concessions mutuelles. Ce n’est pas un challenge où il y a d’un côté un vainqueur et de l’autre un vaincu. C’est plutôt une occasion donnée aux différents leaders de l’opposition de communier à la même chapelle pour que, en toute responsabilité, ils consacrent l’un d’entre eux, capable de mettre l’église au milieu du village et de conduire le navire de l’Opposition à bon port.
Il faut cependant rester vigilant et se mettre à l’abri des manipulations de tous ordres dans la désignation du Porte-parole. Il faut éviter que l’histoire du blocage de la machine évoquée ci-avant à propos de Monsieur Bemba comme Porte-parole de l’opposition ne se répète1t que, comme sous la législature passée, le jeu démocratique et le fonctionnement efficace des institutions ne s’en trouvent grippés.
Il importe que cette désignation tienne compte du suffrage universel direct et des résultats de la présidentielle, dans la mesure où ces derniers s’imposent, dans le contexte actuel, pour remettre le pays en mouvement.
Sauf désistement des personnalités concernées, l’ordre de classement dans ces résultats sera un moyen objectif de désignation du Porte-parole. Il faut cependant que celui-ci soit une personnalité non-conflictuelle, susceptible ‘de rassembler l’opposition dans son pluralisme, connaissant les affaires publiques et les dossiers de l’Etat, capable de vision et de projets alternatifs pour le pays. Rassembler c’est-à-dire bannir les exclusions, diabolisations au sein de l’opposition ; et mettre côte à côte l’opposition parlementaire et extra-ç5arlementaire ainsi que les forces vives de la société civile acquises au changement.
Je voudrais ici, sur ce point, m’adresser à la majorité au pouvoir pour l’inviter à comprendre que l’existence d’une opposition républicaine et responsable est aussi le gage de la réussite de l’action gouvernementale. De la même façon, le souci d’une opposition républicaine et responsable n’est pas d’exercer l’alternance en héritant d’un pays qui se sera davantage enfoncé dans la misère et le désordre.
Nous sommes prêts, dans l’opposition, à prendre notre part dans la stabilisation de la situation générale du pays en apportant au gouvernement notre contribution rigoureuse, critique et constructive. Il n’est donc pas positif de la part de la majorité de continuer à croire que pour mieux réussir dans son programme, l’opposition doit être sous contrôle ou noyautée. Cette attitude ne peut qu’amener le désordre dans le pays, distraire le premier ministre, chef du gouvernement dans des futilités.
Il importe également de relever que, le jeu et la culture démocratique ne font pas du Président de la République, chef de la majorité, étant donné qu’en sa qualité de magistrat suprême et garant du fonctionnement régulier des institutions, il se doit d’être au-dessus de la mêlée et qu’il n’est pas, constitutionnellement, responsable devant le Parlement. C’est le premier ministre, chef du gouvernement, responsable de la conduite des affaires de l’Etat devant le Parlement qui est en réalité le chef de la majorité. C’est donc lui qui est l’interface du Porte- parole de l’opposition et non le Président de la République. Si chacun des acteurs politiques, de la majorité et de l’opposition, s’imprègne de cette logique de nos institutions, alors on aura donné une chance à la République et à la démocratie en instituant une opposition prête à participer au bon fonctionnement de la gouvernance.

Que conclure?

Au regard de tout ce qui précède, que conclure ? Y a-t-Il un avenir pour l’opposition en RDC?
Je me demande si la question est bien posée. Car, l’avenir de l’opposition en démocratie n’est certainement pas de demeurer dans cette position. Il est dans l’exercice du pouvoir. Autrement, on fait de l’opposition pour J’opposition ; de l’opposition pour la protestation et non pour conquérir le pouvoir et assumer les responsabilités de gouvernement en vue de mettre en oeuvre une vision, des propositions et des actions alternatives.
Ainsi, si l’avenir de l’opposition est de gouverner, la question qui mérite d’être posée est de savoir est-ce qu’elle a des atouts pour accéder au pouvoir ? Est-ce qu’elle se prépare en conséquence pour ne pas verser dans des atermoiements au moment effectivement de gouverner ? A-t-elle des femmes, des jeunes et des hommes pour gouverner ? A-t-elle réfléchi sur les premières mesures, décisions ou actions à prendre ? Finalement, quelle est sa stratégie pour assumer l’alternance ? Peut-on envisager l’avenir d’une opposition « infiltrée » et accessible à des manipulations endogènes et exogènes de tout genre ? Une opposition dont les membres se détestent majestueusement aux moments les plus déterminants de l’action politique, et qui affichent une solidarité de façade quand il n’y a aucun enjeu politique en perspective ?
L’avenir de l’opposition dépend de bien de facteurs. D’abord des députés et sénateurs de l’opposition eux- mêmes qui doivent se rappeler à tout moment qu’ils sont les représentants du peuple et que leur mandat est national et non impératif. Ils doivent absolument repousser cette tare, décriée sous la législature passée, où l’on a assisté à des distributions d’argent pour adopter des mesures et des lois qui allaient à l’encontre dé l’intérêt général. C’est ainsi par exemple que, contre leur propre conscience, dans une session extraordinaire, et ce endéans 48 heures, les parlementaires ont révisé la Constitution de la République que le peuple souverain avait adopté au référendum, dont la campagne a duré une année. D’après certains observateurs, toutes les complications post électorales que nous avons connues proviennent de la modification constitutionnelle du mode de scrutin. Ainsi, à certains égards, sans être parfaite, les élections de 2006 avec le scrutin à deux tours étaient meilleurs que celles de 2012.
L’avenir de l‘opposition dépend aussi du comportement de la majorité au pouvoir et du climat de sécurité juridique qu’offre un Etat de droit. S’agissant du comportement de la majorité, il convient ici de noter que, alors que notre démocratie parlementaire avait connu des avancées significatives en 2006 du fait notamment que la Commission PAJ a été confiée à l’opposition, aujourd’hui on a fait machine arrière. A la suite d’âpres discussions et conciliabules, la majorité a refusé non seulement de confirmer cet acquis, mais aussi a écarté l’opposition de la grande Commission de contrôle parlementaire. Bien d’observateurs se demandent quel est l’objectif de cette démarche ? Certains disent que ceci laisse planer un doute sur la volonté du pouvoir d’opérer d’autres modifications importantes de la Constitution.

Ce qui serait catastrophique et une estocade pour la démocratie. S’agissant de l’ECOFIN, d’aucuns pensent que la majorité voudrait par là manifester son refus de voir le gouvernement contrôlé. De sorte qu’on ne pourra jamais sanctionner dans ce pays des ministres et autres mandataires publics indélicats qui confondent la caisse de l’Etat à leurs propres poches.
De ce point de vue, le rôle de la justice est particulièrement déterminant. Mais, que dire de notre système judiciaire actuel où la Cour suprême de justice s’érige en CENI pour attribuer, comme dans le cas de PUNIA, des sièges alors que la CENI elle-même affirme qu’elle ne dispose pas des résultats de cette circonscription. La CSJ a en quelque sorte organisé à son niveau les élections en retirant à certains élus leur siège pour les conférer à d’autres. Certains députés ont même été surpris de voir leur cas examinés, alors qu’ils n’avaient été ni convoqués, ni entendUs. Que dire enfin de la violation par cette haute juridiction de sa propre circulaire dans le cas de la requête en annulation que je lui avais soumise pour contester les résultats de l’élection présidentielle Ces questionnements et ces considérations, l’opposition devrait pouvoir les prendre en charge pour faire son autocritique et son auto-évaluation de façon à se positionner utilement par rapport à son avenir. Il s’agit, de mon point de vue, d’un exercice d’intérêt national car l’avenir de notre démocratie, son développement ou sa dégradation en dépendent. Bien plus, le destin de notre peuple en est tributaire.
Chacun doit comprendre que le secret et la force de l’opposition demeurent dans le rassemblement et non dans les querelles personnelles. L’opposition, comme d’ailleurs
majorité, en somme toute la classe politique congolaise, doit se guérir d’un mal profond et récurrent son nombrilisme qui fait systématiquement éclipser l’intérêt collectif au profit des intérêts personnels et individuels. Nombrilisme qui lui fait oublier que la politique, au gouvernement comme dans l’opposition, est « service » au profit du citoyen et de la communauté nationale. Nombrilisme qui explique que, depuis 1960, les politiciens congolais se battent pour le partage équitable et équilibré du pouvoir, mettent en avant leurs propres agendas au lieu d’être la voix des sans-voix. Il faut dire que cette tare se retrouve dans l’opposition comme dans la majorité. Ceux qui échouent dans ce jeu de partage, basculent dans l’opposition ou entrent dans le maquis en prenant des armes contre la République.
L’opposition porte ainsi une grande responsabilité pour sortir la RDC de la zone de misère. Il est scandaleux et honteux qu’un pays aux potentialités énormes comme la RDC apparaisse à bien d’égards comme e dernier de la planète. Que faisons-nous de notre faune si riche et diversifiée, propice au développement de l’industrie touristique ? Que faisons- nous de nos abondantes ressources naturelles (2ième Forêt tropicale après le Brésil, soit 280 millions d’ha ; 53 % de toutes les eaux douces d’Afrique ; 120 millions d’ha de terres arables ; un potentiel en énergie propre non polluante et renouvelable de 100 mille mégawatts, dont 44000 pour Inga, capable de fournir l’énergie électrique sur l’ensemble de l’Afrique et l’Europe méditerranéenne ; plus de 110 substances minérales) ? Pourquoi préférons-nous « l’enfer de la pauvreté » alors qu’il nous a été donné un pays merveilleux, un scandale géologique valant au moins 24.000 milliards de dollars, il ne s’agit que de 10 types des minerais sélectionnés, soit la somme des PIB des Etats-Unis et de tous les pays de l‘Union Européenne. C’est plus que le potentiel pétrolier de la très riche Arabie Saoudite qui ne dépasse pas 18.000 milliards de dollars.
Aujourd’hui, le paradoxe congolais fait que nous vivions « l’enfer au paradis ». C’est inacceptable ! Nous devons nous lever et changer cet état de choses. C’est possible Avec ce potentiel, la RDC, bien gérée et bien gouvernée, peut accéder en l’espace de 5 ans dans le cercle des pays émergents, et à l’horizon 2030 dans le club des pays développés. Et son développement aura un effet d’entraînement profitable à l’ensemble de la sous- région et du continent, voire au-delà en Europe méditerranéenne et chez nos voisins de la transatlantique.
Qu’est-ce qui nous manque ? La réponse est évidente : un leadership responsable. Si l’opposition peut assumer ce leadership, s’y prépare utilement dans le cadre d’un programme commun bien réfléchi et en associant toutes les ressources humaines dans le pays et de la diaspora, en particulier les femmes et les jeunes, alors elle fera que le rêve et la foi dans un autre Congo, stable, prospère et puissant, deviendront une réalité ... ; un Congo où l’Etat de droit serait la mesure de tout.
C’est sur cet appel à la responsabilité de l’opposition et cette note d’espoir pour la République et pour notre Démocratie que je voudrais terminer cet exposé en remerciant une fois de plus les organisateurs de ce séminaire pour m’avoir associé aux réflexions sur l’opposition et le processus démocratique en RDC.
Je vous remercie.
Fait à Kinshasa, le 24 mai

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4 mai 2012 5 04 /05 /mai /2012 08:24
vital kamerhe 0Le président de l’Union pour la nation congolaise (UNC, opposition), Vital Kamerhe (photo), a déploré »la somalisation » à l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), en dépit de la tenue des élections organisées en novembre 2011. »Nous allons petit à petit vers la somalisation de l’Est du Congo », a-t-il confié à la presse, en marge de la présentation du rapport sur »L’Etat de droit sous la législature de 2006 à 2011 », publié par l’Association africaine de défense des droits de l’Homme (ASADHO). A l’Est du pays, les Congolais assistent » impuissants à la somatisation de cette partie du pays « , a dit l’ancien speaker de l’Assemblée nationale, dénonçant des viols commis contre les hommes dans le Kivu. « Beaucoup de nos frères et cousins sont violés « , a accusé M. Kamerhe, citant des éléments venant d’un pays voisin de la RDC. Il a préconisé la tenue d’une table ronde « pour élaborer un plan de sortie de crise non seulement à l’Est du Congo mais dans l’ensemble de la région des Grands lacs « . Vital Kamerhe a appelé l’élite congolaise à concocter »ce plan raisonnable » de sortie de crise. » Ce plan ne devrait pas être la question du gouvernement seul ou du Président de la République ou du ministre de l’Intérieur ou de la Défense. C’est une question nationale qui demande que les gens en parlent et trouvent des voies de sortie pour le bonheur de tout le peuple congolais », a-t-il expliqué. L’ancien speaker de l’Assemblée nationale considère ce plan comme une opportunité urgente de voir comment sauver la nation congolaise en danger. Il a salué la publication du rapport de l’ASADHO, qui a ramassé toutes les questions de violations des droits de l’Homme avant, pendant et après les élections Il a également qualifié de ‘’sulfureux » ce rapport, qui a répertorié des assassinats ciblés et des répressions disproportionnées à l’égard des gens » qui manifestaient sans armes ni bâtons ». » Je suis ému de voir que l’ASADHO a souligné l’injustice dont j’avais été l’objet, quand j’avais donné ma position par rapport à l’intervention de celles que l’on avait appelées les forces conjointes sur le territoire congolais « , a-t-il dit devant la presse. » Aujourd’hui, l’ASADHO l’a dit: l’histoire me donne raison, malgré l’enthousiasme qui avait caractérisé ceux qui avaient pris la décision. Aujourd’hui, ils doivent se rendre compte que ces décisions sont inefficaces « , a-t-il ajouté. Evoquant les élections de 2011, M. Kamerhe a soutenu que celles-ci ont plongé les Congolais dans les ténèbres et donné »un coup très sérieux » à la démocratie. » La RDC se retrouve en dessous de la Birmanie, qui est en train de sortir de la zone des ténèbres « , a-t-il encore indiqué.
APA/CCN
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3 avril 2012 2 03 /04 /avril /2012 11:11

 

 

Le Cardinal Laurent Monsengwo a appelé, ce dimanche 1er avril, jeunes de la RDC à l’unité, à «éviter la violence et à préserver l’intégrité du pays». Pour lui, cette unité est nécessaire pour résoudre «la crise» que traverse actuellement la RDC.  

Au cours de son message d’une quinzaine de minutes, Laurent Monsengwo a dit aux jeunes:

«Notre pays connaît une crise que nous nous devons tous de résoudre. Et pour cela, soyons unis et nous nous serons forts. Tenez jalousement à l’unité nationale et à l’intégrité du pays. Aidez le pays à se réconcilier avec lui-même. Restez vigilants et barrez la route à toute initiative de violence».

Le Cardinal de la RDC a accordé sa bénédiction aux jeunes du pays pour qu’ils aient la possibilité de concrétiser toutes ces recommandations.

Il l’a déclaré au cours la messe de ce «dimanche des rameaux», qui, depuis 3 ans, constitue aussi le moment de sa rencontre annuelle avec les jeunes catholiques de Kinshasa.

Comme pour ses précédentes rencontres annuelles les jeunes de la capitale, le Chef de l’église catholique a livré lui-même son message en français et en lingala.

Il a invité les jeunes de la RDC à garder espoir en l’avenir, mais aussi à se donner systématiquement une formation humaine solide pour bien gérer le pays quand ils en prendraient les rennes dans les années à venir. «L’horizon de notre vie n’est pas bouché à jamais ni même à l’infini. Mais plutôt ouvert et serein», a déclaré Laurent Monsengwo.

Le lundi 5 mars, une délégation de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) avait rencontré tour à tour le président Joseph Kabila, le leader de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), Etienne Tshisekedi, le président de l’Union pour la nation congolaise (UNC), Vital Kamerhe, et le délégué Léon Kengo wa Dondo de l’Union des forces du changement (UFC).

Ces rencontres s’inscrivaient dans le cadre d’une démarche de l’église catholique congolaise visant à obtenir un dialogue entre acteurs politiques candidats à la présidentielle de novembre dernier et toutes les forces vives de la société en vue de résoudre «le malaise sociopolitique actuel en RDC».

L’UPDS d’Etienne Tshisekedi et la majorité présidentielle se sont déclarées favorables à ce dialogue, mais refusent l’idée de partager le pouvoir. Chaque partie revendique, en effet,  sa victoire à la présidentielle et invoque à cet effet les dispositions de la constitution.

Cardinal Laurent Mosengo Pasinya lors d'une réception à Kinshasa, janvier 2011.

Cardinal Laurent Mosengo Pasinya lors d’une réception à Kinshasa, janvier 2011.

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22 mars 2012 4 22 /03 /mars /2012 09:54

 

 
 
Sur la base de nos investigations, la cote de popularité des acteurs politiques, au lendemain des élections de 2011, connaît de profondes mutations.
 
1) E. Tshisekedi: 55 % des avis favorables avant les élections, 40 % ce jour soit - 15 %
 
Il lui est reproché une position très radicale susceptible de bloquer tout le pays.
 
2) Joseph Kabila: 10 % des avis favorable avant les élections, 6 % ce jour soit -4 %
 
Ses partisans, du retour de Kinshasa où ils ont passé des vacances ont pris conscience de son impopularité. La barbarie, les intimidations de ses hommes de troupes contre les manifestants les ont le plus révoltés.
3) Vital Kamerhe: 30 % des avis favarobles avant les élections, 50 % ce jour soit + 20% ( correction)
 
Les dubitatifs ont fini par reconnaître la sincérité de son combat, son implication active dans l'opposition, la proclamation qu'il a faite de la victoire de E. Tshisekedi. Sa
constance et la cohérence de son discours. Il est jugé intelligeant et anticipativiste.
Selon des observateurs, la présidentielle 2016 sera déclinée au nom de Vital Kamerhe.
4) Kengo wa Dondo: 3 % avant les élections, 4 % ce jour soit +1 %
L'on découvre en lui la sagesse, l'expérience politique. l''agression dont il était victime à
la gare de France lui a valu une certaine sympathie au regard de son âge.
Les autres se partagent 0,4 % ( correction). Le plus détesté c'est Oscar Kashala le fait d'avoir vite reconnu la victoire de Joseph Kabila manquant ainsi une belle occasion de se taire.
 
sources et lieux d'invstigations :
sélection des postings, téléphone, contacts dans les lieux de matanga et festivités-Suisse, correspondants de France, Belgique, Kinshasa, Canada et ailleurs.
 
 
Awazi Kasele
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5 février 2012 7 05 /02 /février /2012 16:02

 

 

 

 

Plus encore que la compilation des résultats de l’élection présidentielle, celle des législatives a connu de sérieuses difficultés et a été qualifiée d’inacceptable par le clergé catholique dont la mission d’observation a été la plus importante en RDC. Reportée à plusieurs reprises, l’annonce des résultats a été entourée de nombreux « incidents » qui entachent la crédibilité d’élections « libres, transparentes et apaisées » : retrait et silence prolongé des deux experts américains venus tester la fiabilité d’une révision de la compilation et qui n’auraient pas eu accès aux « documents pertinents », arrestations d’agents électoraux qui seraient laissé corrompre, arrestations de candidats députés pour « faits de violence », annulation des élections dans sept circonscriptions, report de publication lié à des contestations dans sept autres circonscriptions dont celles de Kinshasa, Mbuji-Mayi et de Rutshuru où de nombreuses irrégularités et anomalies avaient déjà été relevées pour l’élection présidentielle, témoins de partis inexpérimentés, non formés, souvent passifs et seulement motivés par les quelques dollars attendus, etc. Le nombre excessivement élevés (plus de 18.000) candidats à la députation nationale n’a pas non plus facilité les choses : la majorité présidentielle a été elle-même dépassée par la situation et a du installer un comité de contentieux pour arbitrer les contestations entre ses propres candidats.

 

Quoi qu’il en soit de la crédibilité finale des résultats qui ont tout de même une certaine logique comme on le verra par la suite, ceux-ci laisse apparaître en tout cas, comme en 2006, un émiettement de la future majorité présidentielle. Aux dernières élections, l’Alliance pour la majorité présidentielle comportait 47 formations politiques et 53 « indépendants », soit 381 membres qui pouvaient déjà être considérés comme autant d’ « électrons libres », guidés par la défense des intérêts de leur (très petite) clientèle et soucieux de rester scotché au pouvoir et aux bénéfices que l’on pouvait en retirer. En avril 2011, le président de la République avait tenté, à travers l’élaboration en avril 2011 d’une « Charte de la majorité présidentielle » (qui n’avait pas été signée par « deux partis » de gouvernement, le PALU du Premier ministre Muzito et l’ARC d’Olivier Kamitatu), d’organiser un bloc majoritaire homogène et resserré qui ferait face à celui d’une opposition tout aussi hétéroclite. Ce pari n’a pas été réussi puisque la future majorité compte au moins une soixantaine de formations: pire, face à la menace que pouvait constituer le vote populiste de l’UDPS, le sommet de l’Etat a suscité une sorte de « leurre » en dédoublant en septembre 201 le PPRD d’une autre formation « mystérieuse », le PPPD, animé semble-t-il par un ancien ministre et ancien conseiller à la présidence, She Okitundu, et un professeur d’université, Ngoma Binda.

 

Le tableau ci-dessous traduit bien le fait que la dynamique du pouvoir reste, comme en 2006, très morcelée.

 

 

 

 

La nouvelle « Majorité présidentielle » reste éclatée entre d’une part quelques baronnies menées par des ministres du gouvernement et d’autre part un nombre important de petites ou très petites factions ayant réussi à emporter quelques sièges et qui se disent, pour l’instant, attachées à cette majorité. Il est clair que beaucoup de candidats ont préféré ne pas être trop scotché à un régime politique décrié et jouer d’abord une carte personnelle, régionale ou locale.

 

Car, même si on lui adjoignait son leurre, le PPPD, le parti qui a concouru pour la victoire de Joseph Kabila, le PPRD, a perdu des plumes (45 % de ses sièges), de même d’ailleurs que celui du Premier ministre Muzito, le PALU, qui à l’époque n’avait pas contresigné la charte de la MP. Si la formation de l’ancien dirigeant de l’ONG Solidarité Paysanne devenu ministre puis conseiller politique du président de la République, Pierre Lumbi, se maintient, par contre, celle d’un autre notable politique de poids, l’ARC du ministre du Plan Olivier Kamitatu, qui n’avait pas non plus signé la charte, fait un bond très important. Ce score pourrait faire de lui un premier ministrable étant donné que Pierre Lumbi est originaire, comme le président Kabila, de l’est du pays, ce qui n’est pas le cas d’Olivier Kamitatu, et que l’actuel Premier ministre ainsi que son entourage immédiat est considéré par plusieurs diplomates comme notoirement corrompu. Toutefois, cette hypothèse colle peu avec le présidentialisme de plus en plus affirmé du régime Kabila qui s’est jusqu’ici bien gardé de faire appel à des personnalités d’envergure qui seraient susceptibles de lui porter ombrage.

 

L’opposition politique est quant à elle plus fragmentée que durant la précédente législature où elle a surtout été incarnée dans le MLC de Jean-Pierre Bemba qui a cette fois perdu de nombreux sièges du fait principalement de l’absence de son chef charismatique toujours détenu à La Haye par la CPI. Aujourd’hui, cette opposition, qui obtient plus de sièges par rapport à 2006, est portée par l’UDPS et ses quelques alliés, une entrée en scène qui doit cependant être partagée avec l’UNC de Vital Kamerhe et ce qui reste du parti de Jean-Pierre Bemba.

 

 

 

À ce stade cependant, l’opposition, qui restera minoritaire à l’Assemblée nationale, se trouve dans une position paradoxale. En effet, son nouveau « champion », l’UDPS, et son chef, Etienne Tshisekedi, qui s’est autoproclamé président élu avant même la tenue des élections, considèrent les élections législatives comme nulles. Les députés élus de ce parti ne devraient donc pas en principe siéger à l’Assemblée. L’accepteront-t-ils ou pas ?  Dans la négative, l’UDPS serait soumis à des forces centrifuges, car on voit mal les « nouveaux élus » renoncer à leurs sièges et aux bénéfices qu’ils en retireraient. Quoi qu’il en soit, l’UDPS aura difficile à être un parti fédérateur : outre la personnalité de son chef qui refuse tout compromis, l’UDPS a la réputation d’être le « parti des Baluba », c’est-à-dire d’un groupe ethnique dont l’élite, éparpillée à travers tout le Congo, est souvent jugée comme  arrogante et « tribaliste » et souffre du complexe d’avoir été « l’enfant chéri du colonisateur belge », ce qu’il leur valu plusieurs pogroms et menaces d’ « épuration ethnique » depuis la fin des années 50. La campagne électorale au Katanga, au cours de laquelle l’ancien gouverneur du Katanga, impliqué dans l’expulsion des « Kasaïens » établis dans cette province en 1992-93, s’en est pris à ces derniers, a encore démontré la vivacité des propos ethnophobes.

 

Ceci nous amène à considérer les résultats des législatives sous l’angle des différentes provinces et circonscriptions où les réflexes ethniques et régionalistes ont joué de différente manière.

 

-         Au Bas Congo, l’UDPS et ses alliés réussissent une percée et ont réussi à détrôner le MLC qui n’obtient plus qu’un seul siège. Ici, le vieux nationalisme kongo, qui a pu s’exprimer à travers l’ABAKO, héritier d’un passé prestigieux, et un petit parti lié au mouvement prophétique Bundu dia Kongo, Congo-Pax, n’a pas fait mouche : les électeurs de cette région, qui est économiquement ouverte sur le plan géographique, ont préféré sanctionner le pouvoir en votant pour des formations à vocation nationale qui ont joué électoralement, comme à Kinshasa, sur le fait que Joseph Kabila aurait été un « étranger ».

 

-         Au Bandundu, le poids des « fils du pays » -- le duo jadis fortement antagonique et ethniquement marqué, opposant les  partisans de Gizenga  à ceux de la famille Kamitatu – reste prégnant, mais n’a pas réussi à l’emporter sur la coalition des formations de la majorité présidentielle.

 

-         En Equateur, par contre, les « fils du pays » (Kengo et Mobutu), qui ont sans doute échoué à mobiliser leur base, font piètre figure en obtenant respectivement que deux et un sièges. Le MLC de J.P. Bemba, affaibli par une dissidence et sans chef charismatique, ne se maintient pas face aux multiples factions qui se sont rattachées à la majorité présidentielle.

 

-         La Province Orientale reste acquise comme en 2006 aux candidats de la majorité présidentielle qui remportent 44 sièges sur les 61 à pourvoir. Ni l’UDPS ni le MLC, qui n’obtient que deux sièges, ne constituent une menace pour le pouvoir en place.

 

-         La situation dans les deux provinces du Kivu est marquée par l’ambivalence. Au Nord Kivu, où les contestations ont été vives dans les territoires de Masisi et Rushuru où l’on accuse la fraction armée essentiellement rwandophone du CNDP d’avoir intimidé les électeurs pour qu’ils votent pour les partisans de Kabila, la majorité présidentielle est talonnée surtout par les élus de partis du « Grand Nord » qui ont fait allégeance aux barons nande Mbusa Nyamwisi et Pierre Pay-Pay lesquels ont pris leur distance par rapport au pouvoir[1]. Par contre, le parti d’une autre baron, le rwandophone Eugène Serufuli, ancien gouverneur et « go between » entre d’une part les communautés rwandophones et congolaises, d’autre part entre Tutsi et Hutu établis au Congo, refait surface avec son nouveau parti, l’UCP, qui a signé la charte de la majorité présidentielle et a obtenu deux sièges à Rutshuru. Au Sud Kivu, le « fils du pays », Vital Kamerhe, candidat à la présidentielle qui s’est séparé de Joseph Kabila il y a moins de deux ans, n’effectue pas la percée attendue et n’obtient que 7 sièges sur 32, la plupart obtenus auprès des ressortissants Bashi de Bukavu, Kabare et Walungu. Dans les deux cas, la majorité présidentielle reste la première formation, mais a perdu la victoire qu’elle avait acquise en 2006.

 

-         Comme attendu, la majorité présidentielle fait un score sans appel dans les deux fiefs du président Kabila que sont le Maniema et la riche province du Katanga. Dans le second cas toutefois, les missions électorales du Centre Carter et de l’Union européenne ont émis de sérieux doutes sur les chiffres anormalement élevés de la participation électorale dans les territoires ruraux de la province. Un tel doute apparaît tout à fait fondé. Par contre, les experts de la Mission de l’UE se sont étonnés de ce que les résultats de l’UDPS (trois sièges) ne traduiraient pas la réalité d’une présence de 800.000 Katangais d’origine kasaïenne qui auraient du voter pour ce parti. Outre qu’il n’y a aucune source crédible sur le nombre de Kasaïens encore présents au Katanga depuis l’exode des années 1992-1993 lié aux pogroms anti-Kasaïens, ces experts ne tiennent pas compte du fait que ces « Kasaïens », qui ne sont pas tous luba comme Etienne Tshisekedi, sont surtout traditionnellement localisés dans les sites miniers où la participation électorale a été précisément plus faible et que les « Kasaïens » katangais sont partagés entre ceux qui sont d’origine récente et ceux qui sont des résidents plus anciens et donc plus « alignés » sur le particularisme katangais. Par crainte de représailles ou d’autres raisons, il n’est enfin pas du tout évident que ces Kasaïens katangais, installés dans la plus prospère des provinces congolaises, aient été amenés à voter pour le flamboyant leader de l’UDPS qui appartient à une ancienne génération politique et que les provocations ont pu effrayer.

 

-         Les deux provinces du Kasaï se sont largement partagées entre les votes pour ce flamboyant leader qui est un « un fils du pays » et les votes pour la coalition de la MP. Le vote UDPS est surtout très marqué dans les bastions « luba » du Kasaï Oriental (Miabi, Mbuji-Mayi, Tshilenge, Kamiji, Ngandajika, Mwene Ditu), un peu moins dans certains coins du Kasaï Occidental où cette population luba est fortement présente tout en étant pas majoritaire (la ville de Kananga, Luebo, Dibaya, Luiza, Dimbelenge). Mais le vote anti-luba et donc contre Etienne Tshisekedi a du jouer dans certaines régions comme au Sankuru, fief du ministre des Communications, Lambert Mende, à Tshikapa, rivale diamantaire de Mbuji-Mayi, et à Kabinda, dominé par les Basongye qui sont plus branchés sur le Katanga que sur le Kasaï Oriental. En ces lieux, l’UDPS, identifié aux Baluba, a plutôt été un repoussoir et l’on a préféré parfois massivement voter pour les candidats locaux de petites formations de la majorité présidentielle. Dans ces contrées, on n'affectionne pas trop l’ « arrogance » et la caractère « parvenu » des Baluba qui se sont enrichis de manière ostentatoire dans le diamant.

 

-         Enfin, à Kinshasa, capitale cosmopolite, plus spéculative que productive, dominée à la fois par l’exclusion, la pauvreté, mais aussi par la débrouillardise, près de 200 formations diverses et une quarantaine d’indépendants se sont présentés aux suffrages des électeurs. A l’arrivée, on retrouve comme attendu toutes les grandes formations de la majorité et de l’opposition qui remportent la majorité des sièges, mais aussi des élus de petites factions. A l’instar du MLC en 2006, l’UDPS et ses satellites (ECIDE, SET) se sont taillés une large place auprès des exclus et des laissés pour compte pour qui le mythe historique de l’éternel opposant a fonctionné. Mais, avec 11 sièges sur les 51 des quatre districts électoraux de la capitale, ils sont distancés par une majorité présidentielle qui a utilisé surtout des petites factions à sa remorque et qui peut compter au moins sur 21 sièges, sans toutefois atteindre la majorité absolue. Le précédent gagnant de 2006, le MLC, n’obtient plus quant à lui que quatre sièges.

 

Personnel politique élu

 

 

En termes de renouvellement, on observera enfin que beaucoup de nouveaux députés feront leur entrée dans la nouvelle Assemblée nationale : ils sont seulement 78 anciens députés dont le mandat a été renouvelé. À ce chiffre, il faut ajouter 12 sénateurs, 8 anciens ou actuels gouverneurs et vice-gouverneurs, 15 anciens mais le plus souvent actuels ministres nationaux et 9 ministres provinciaux. En ce qui concerne les ministres nationaux actuels, on notera que quelques membres du gouvernement non élus comme le ministre de la jeunesse, sports et loisirs, le ministre de l’environnement, José Endundo, mais surtout le ministre des affaires étrangères, Alexis Thambwe. Par contre deux « poids lourds », le Premier ministre et le ministre porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, ont réussi leur examen de passage devant leurs électeurs. Par ailleurs, un certain nombre de conseillers actuels ou anciens du président de la République ont été élus, sauf l’ancien conseiller et gouverneur actuel du Sud Kivu, Marcellin Cishambo qui a été battu.

 

Au vu des résultats, qui sont toujours provisoires puisqu’ils doivent être sanctionnés par la Cour suprême de justice (CSJ) et puisque le vote a été annulé dans sept circonscriptions, on peut s’interroger sur ce que sera l’étape suivante. Un recomptage des voix, exigé par l’opposition semble peu plausible. En effet, la CENI, qui n’a de toute évidence pas maîtrisé le processus « top down » et qui a reconnu des « imperfections », n’acceptera sans doute pas d’être décrédibilisée à ce point, d’autant plus que la qualité de son travail n’a globalement pas été jusqu’ici mise en cause par les missions d’observation (dont les rapports finaux n’ont pas été rendus publics) et que seulement une vingtaine de recours ont été déposés à la CSJ depuis que la majorité des résultats a été publiée le 27 janvier. Deuxièmement, les deux experts américains envoyés à Kinshasa pour examiner la fiabilité d’une révision du processus de comptage ont disparu de la circulation. Troisièmement, l’Assemblée nationale qui doit en principe se réunir prochainement peut fonctionner puisqu’elle dispose d’une majorité absolue, même s’il est vrai qu’une absence des partis d’opposition en son sein poserait un lourd problème politique. Enfin, les diplomaties étrangères se taisent dans toutes les langues et sont sans doute prêtes à ce qu’elle considèrent comme un « moindre mal ». Du côté africain en tout cas, l’Union Africaine n’aurait pas répondu positivement au recomptage des voix présenté à son dernier sommet par Vital Kamerhe et l’UDPS. Un peu partout dans les chancelleries, on accepte le fait accompli : les mots d’ordre sont ceux de « compromis », d’ « apaisement », de « poursuite d’un processus électoral qui tienne compte des dysfonctionnements » et d’appel à recourir à une contestation des résultats « par la voie légale ».

 

En définitive, les élections législatives comme l’élection présidentielle ont déçu sans que l’on puisse s’attendre à de grandes manifestations du type de celles du « printemps arabe ». Les violentes que l’on escomptait se sont limitées à Kinshasa et ont donné lieu le plus souvent à des affrontements entre forces de l’ordre et « kuluna » (enfants des rues armés de machettes) et « pomba » (jeunes pratiquant les arts martiaux), instrumentalisés par certaines formations politiques de la majorité comme de l’opposition : pour le reste, les « populations ont, comme on dit, vaqué à leurs petites affaires » tout en étant pas dupe d’un processus qui a dysfonctionné.

 

Par ailleurs, la problématique d’une « aventure militaire » ne peut être totalement exclue. On a pu constater en tout cas un malaise à ce niveau : Amnesty International et l’ASADHO ont ainsi évoqué de nombreuses arrestations de militaires, de policiers et même d’agents de la sécurité dans la période qui a suivi immédiatement les élections, ce qui indique une certaine « nervosité » dans le chef des dirigeants. De son côté, Etienne Tshisekedi a appelé dans son « discours d’entrée en fonction », auquel assistaient des hommes en tenue militaire, à l’augmentation des soldes au sein des forces de sécurité, à l’ « arrestation du président », à la priorité qu’il accorderait à s’entourer de forces de sécurité dignes de ce nom, etc. Toutefois, au-delà de ces provocations, on ne voit pas trop dans quel(s) segment(s) de l’armée une telle aventure pourrait prendre corps et se développer : les FARDC naviguent toujours à vue dans un système très fragile, peu structuré et très segmenté.

 

 

                                                                                  Jean-Claude WILLAME

 

 



[1] Mbusa Nyamwisi, après avoir signé la charte de la Majorité présidentielle en avril 2011, a été évincé du gouvernement et a apporté son soutien à Etienne Tshisekedi en octobre

AMP

2006-2010

2011

PPRD

111

62

PPPD

-

29

MSR

27

27

PALU

34

19

ARC

2

16

AFDC

-

15

ECT

-

11

MIP

-

11

UNAFEC

7

6

UNADEF

6

6

UDCO

-

7

ADH

-

5

NAD

-

5

CCU

4

5

COFEDEC

8

4

PDC

7

6

Autres

175

26

TOTAL

381

260

OPPOSITION

2006-2010

2011

UDPS

-

41

MLC

64

23

UNC (Vital Kamerhe)

-

17

UFC (Kengo)

-

3

UDECF (Pay-Pay)

-

4

ATD (Dissidence MLC)

-

4

Autres

23

42

TOTAL

87

134

Anciens députés nationaux

78

Sénateurs

12

Députés provinciaux

12

Gouverneurs et vice-gouverneurs

8

Ministres nationaux

15

Ministres provinciaux

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3 février 2012 5 03 /02 /février /2012 08:20

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Communiqué

EurAc

 

L’Union Européenne doit adopter une position forte

face à  l’impasse politique postélectorale en RDC

 

 

 

Bruxelles, le 2 février 2012

 

 

Fort de son travail d’observation électorale des scrutins présidentiel et législatif du 28 novembre en coopération avec les organisations de la société civile congolaise d’AETA (dont nous soutenons la prise de position énoncée dans le communiqué joint en annexe), et dans la continuité des communiqués précédents des 28 novembre, 1er et 19 décembre,  le Réseau européen pour l’Afrique Centrale (EurAc) tient à exprimer son inquiétude par rapport au déroulement du processus électoral. La crise politique ainsi engendrée hypothèque la stabilité institutionnelle du pays, peut mener à la violence et donne des arguments à ceux qui cherchent le désordre.   

Le fait que dans certaines provinces et certains bureaux de vote  les opérations électorales se sont déroulées dans le calme et dans le respect de la volonté de la population congolaise qui a voté avec enthousiasme ne suffit pas à atténuer la perception générale d’un processus qui est loin d’inspirer beaucoup de confiance. 

 

Il résulte des élections congolaises un Président faible qui souffre d’une grave crise de légitimité et qui, dans la situation actuelle, n’est pas à même de répondre aux défis majeurs auquel fait face la RDC tant en terme de maintien de l’ordre et de la sécurité qu’en terme de développement.

 

EurAc a accueilli avec une grande satisfaction la nomination de l’Ambassadeur Koen Vervaeke comme coordinateur pour la région des Grands Lacs au sein du Service Action Extérieure de l’UE. Nous sommes confiants que  son expérience importante dans la région et ses qualités et qualifications lui permettront de diriger l’action européenne dans la région des Grands Lacs dans les meilleures conditions. EurAc espère qu’en tant que responsable d’une région n’ayant pas réussi à tourner définitivement la page du conflit, l’Ambassadeur Vervaeke pourra faciliter l’harmonisation des différentes approches européennes. Cela nous semble le seul gage d’une politique cohérente permettant un développement positif dans des domaines tels que: la lutte contre l’impunité, la réforme du secteur de sécurité, la lutte contre les violences sexuelles, la démocratisation et l’exploitation illégale des ressources naturelles.  

 

Compte tenu de la situation actuelle, l’Union Européenne et ses Etats membres devraient adopter une position forte et cohérente, exprimée dans un cadre de solidarité multilatérale. L’UE devrait contribuer à trouver une solution à l’impasse dans laquelle se trouve la RDC pour éviter un épilogue qui plonge le pays dans une crise de violence et d’instabilité avec des conséquences extrêmement néfastes pour la population.

 

 

L’Union Européenne devrait donc donner un signal fort pour:

 

Ø  Eviter que le pays retombe dans les divisions entre les communautés et dans la violence envers la population;

Ø  Contribuer à renforcer le dialogue entre les acteurs politiques congolais tout en favorisant l’implication de la société civile et encourager ces derniers à trouver une solution concertée et réaliste à cette crise postélectorale;

Ø  Assurer que la voix de la majorité silencieuse de la population soit prise en compte dans les concertations quelle qu’en soit la nature afin de rétablir la confiance rompue entre les congolais et les institutions censées les représenter;

Ø  Peser afin que le processus électoral, qui n’est pas encore clôturé, soit conduit de façon à évaluer et tirer des leçons du processus tel qu’il a été mené jusqu’à présent. Il s’avère fondamental de s’assurer que la RDC remette sur pied une Commission Electorale Nationale Indépendante crédible et légitime et adopte une loi électorale qui puisse assurer le respect des fondements démocratiques et la participation active de tous les acteurs politiques et sociaux dans la tenue des élections provinciales et locales;

Ø  Peser afin que le cycle électoral aille à son terme avec la tenue d’élections provinciales et locales et afin que soit mis en place un processus de décentralisation effectif, seule garantie d’une participation effective des citoyens à la vie politique du pays et d’une amélioration de la gouvernance démocratique;

Ø  S’engager dans le soutien à l’éducation civique, seule manière de réaliser l’appropriation du processus de démocratisation par la population et de protéger celle-ci des manipulations qui ont engendrés des violences lors des échéances précédentes. C’est un enjeu d’autant plus important que le risque est grand qu’une classe politico-militaire s’approprie le processus au détriment des principes de démocratie et de justice, pour lesquels les acteurs de la société civile congolaise se battent depuis longtemps ; 

Ø  Prendre position vis-à-vis du processus électoral et des résultats du scrutin présidentiel de manière forte, cohérente et concertée entre tous ses Etats membres et profiter de la programmation du Fond Européen de Développement (FED), prévue en 2012, pour définir une stratégie politique commune à la mesure de l’importance de la RDC dans la région.

 

 

 

 

 

 

 

 

Pour informations complémentaires:

Donatella Rostagno

EurAc

Rue des Tanneurs 165

1000 Bruxelles

 donatella.rostagno@eurac-network.org 

Tel: +32 2 213 04 00

 

 

 

 

 

 

 

 

                          

                   

                    is the European Network of Active NGOs in Central Africa. EurAC is made up of 49 member-organisations                      

                    from 13 European countries.   

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30 décembre 2011 5 30 /12 /décembre /2011 08:18

Mémorandum à l’Attention de Monsieur Didier Reynders

Ministre Belge des Affaires Etrangères

15, Rue des Petits Carmes -1000 Bruxelles


Son Excellence Monsieur le Ministre,

Permettez-nous tout d’abord, au nom de toute la Communauté Congolaise de Belgique de vous présenter nos sincères félicitations à l’occasion de votre nomination au poste de Ministre des affaires Etrangères.

Nous vous adressons la présente, dont copie aux différents officiels et organismes belges et internationaux, en notre qualité de membres de la diaspora congolaise.

Le peuple congolais s’est rendu aux urnes les 28 et 29 novembre derniers pour désigner son futur président de la république et ses 500 députés nationaux malgré un pilotage aussi bien erratique que chaotique du processus électoral débouchant sur une escalade de réactions violentes. Les résultats tels que publiés par la CENI et confirmés par la Cour Suprême de Justice sont contestés par les principales forces de l’opposition. Si rien n’est fait ceci conduira inéluctablement à l’embrasement du Congo. Ce ne sera qu’une question de temps.

Au nom de la communauté congolaise de Belgique, de l’Observatoire des élections en RDC, nous venons vous exprimer notre profonde inquiétude quant à la manière dont vous semblez aborder « La Question Congolaise » à la suite de la crise née des élections sus-évoquées.

Ayant suivi avec une extrême attention vos déclarations tant à la presse qu’au sein du parlement lors des débats parlementaires, permettez-nous, Son Excellence Monsieur Le Ministre, de vous faire partager notre réprobation de votre approche tendancieuse, suspicieuse et biaisée de la crise électorale congolaise. Faisant allusion au rapport du Centre Carter, vous affirmiez avec auto-satisfaction que « Le rapport du Centre carter ne met pas en cause l’ordre des résultats » sans nécessairement rapporter cet extrait dans l’ensemble de son contexte. Un raisonnement tiré du sophisme à des fins évidentes.

Son Excellence Le Ministre, permettez-nous de rappeler, à votre auguste attention, que le Peuple Congolais n’est plus dupe et est suffisamment mature pour ne pas accepter les thèses et positions saugrenues que votre parti le MR et son allié le PS veulent le contraindre à admettre.

S’exprimant sur les élections congolaises, la mission d'observation Carter, chargée de surveiller le processus électoral dans le pays, a entre autres déclaré :

« Les problèmes observés durant la phase de compilation et les chiffres annoncés sont aggravés par les difficultés d'accès des observateurs aux centres de compilation à travers le pays et à l'absence d'accès officiel au centre national des résultats à Kinshasa. Le Centre Carter est donc dans l'incapacité de fournir une vérification indépendante de l'exactitude de l'ensemble des résultats ou du degré dans lequel ils reflètent la volonté du peuple Congolais. »

« Cette déclaration ne remet pas, expressis verbis, en cause l`ordre des résultats des candidats tel qu`annoncé par la CENI MAIS précise que le processus de compilation est non crédible, cependant une analyse plus détaillée des résultats préliminaires pourrait faire apparaitre d'autres tendances et variations qui suggèrent un dépouillement et une compilation qui manquait d'application uniforme de procédures pour tous les électeurs congolais. Une analyse supplémentaire sera fournie dans les prochains rapports du Center Carter ».

En sus, le Centre Carter, a estimé que les résultats donnant la victoire à Joseph Kabila n'offraient pas la crédibilité requise.

Par ailleurs, le Département d’Etat américain déclarait récemment: « “it is still not clear whether the irregularities were sufficient to change the outcome of the election”

Son Excellence Monsieur Le Ministre,
Nous voudrions bien soumettre les paragraphes ci-dessus de ce rapport AINSI que la prise de position du Département d’Etat américain à une lecture et analyse rigoureuses de votre part et en appelons à votre honnêteté intellectuelle quant à ce.

L’ «Observatoire des élections RD Congo 2011» vous renvoie à la récente déclaration de l’archevêque de Kinshasa, son éminence le Cardinal Laurent Monsengwo qui, au cours d’un point de presse à Kinshasa, a demandé à la CENI de : « respecter les résultats des procès-verbaux affichés sur chaque bureau de vote, de respecter la volonté du peuple exprimé lors des élections du 28 novembre 2011 et d’éviter de plonger le pays dans une crise aux conséquences désastreuses ».

Pire encore, nous laissons à votre appréciation l’extrait du rapport d’observation électorale ci-dessous du principal regroupement d'ONG de la région d’Afrique australe, le CONG-SADC. Cette ONG a diffusé un communiqué daté de Gaboronne (Botswana), le 15 décembre 2011, critiquant les irrégularités du processus électoral congolais en ces termes:
« accès inégal aux médias, circulation de bulletins de vote avant le jour des scrutins, bulletins incendiés, listes électorales incomplètes - parfois les noms ont disparu le jour du vote bien qu'ils y aient figuré dans les jours précédents, notent les observateurs de l'Afrique Australe- « Bourrages d’urnes, violation du secret du vote, incitation à voter pour Joseph Kabila dans les queues d'attente le jour du vote, refoulement des observateurs lors du dépouillement, irrégularités lors de la transmission des résultats à la Ceni, usage disproportionné de la force lors de la répression des manifestations de protestation, fermetures musclées d'organes de presse jugés pro-opposition ».

Et L'ONG CONG-SADC de conclure:
"De ces points, il ressort que les récentes élections en RDC ne se sont déroulées ni selon les principes et lignes directrices de la SADC, ni selon la loi électorale, compromettant ainsi leur crédibilité.

La tension politique qui en résulte, conclut le CONG-SADC, pourrait, en cas d'incidents violents, entraîner "un désastre pour la SADC, l’Afrique Centrale et l’Afrique toute entière.

L’Observatoire vous invite par conséquent à user de toutes les voies possibles et de toute influence diplomatique afin d’amener la CENI à accepter la recommandation faite par le rapport MOE UE recommandant d’apporter toute la clarté sur la transparence des opérations électorales en tenant compte des PV originaux affichés directement après dépouillement des bureaux de vote. Différents rapports, notamment ceux de la Mission d’Observation des Elections de l’Union Européenne (MOE UE), Fondation Carter, CONG-SADC et autres ont relevé de graves irrégularités et fraudes auxquelles nous invitons votre parti le MR, votre allié le PS et le gouvernement Belge à donner suite plutôt que de vous empressez à rehausser de votre présence la cérémonie d’installation du parlement congolais. Vous rendrez ainsi service au peuple congolais qui vous en sera reconnaissant, et partant vous rendrez hommage à la justice et la démocratie.

Nous sollicitons de votre haute bienveillance que le gouvernement belge, par le biais de Son Ministère des Affaires Etrangères que vous êtes, du fait des liens plus qu’historiques qui unissent la Belgique à la RDC, de faire toute diligence possible, via des canaux diplomatiques et autres afin de permettre un règlement raisonnable de cette crise électorale, en recomptant les voix en fonction des résultats provisoires affichés le jour du scrutin et en mettant à la disposition de la CENI une expertise technique dont la mission devra également s’étendre à la vérifications des résultats des présidentielles. Et ce, afin d’établir la VERITE des URNES, aussi bien pour les législatives que les présidentielles qui ne peuvent ainsi passer subtilement sous silence par votre gouvernement.

A la surprise générale du peuple congolais, une certaine presse partisane francophone belge et certains partis politiques du Sud du pays tentent à tout prix via des subterfuges et autres moyens dictés par des collusions d’intérêts privés, de vouloir maintenir le statut quo politique en RDC en fermant volontairement les yeux sur les violences policières et militaires commises contre les civils et sur les crimes économiques commis par le régime de Mr. Kabila.

Son Excellence Monsieur Le Ministre,
Nous pensons qu’il est plus que temps de porter un autre regard empreint de respect et de considération sur l’ensemble du Peuple congolais de l’intérieur ou de la diaspora plutôt que cette attitude de nonchalance et mépris assez souvent affichée à son endroit.

Aussi le peuple congolais a-t-il été choqué de vous entendre dire qu’en cas de désaccord avec la CENI il fallait s’en référer à la Cour Suprême de Justice qui allait traiter avec impartialité ce différend électoral, au moment où l’ensemble du monde médiatique international et la majorité d’observateurs internationaux critiquent unanimement la gestion et l’exécution technique GRAVEMENT entachées d’irrégularités et de fraudes massives à charge de la CENI.

Son Excellence Monsieur Le Ministre,
Permettez-nous de partager avec vous notre embarras face à une certaine attitude qui consiste à reconnaître d’une part qu’il y a eu fraude et d’autre part que l’ordre des résultats (issus de cette fraude) ne peut être mis en cause. Une telle thèse ne peut, à notre sens, que procéder d’un raisonnement sophiste, spécieux et ne reposant sur aucun argumentaire objectif et plausible encore moins convaincant.
Soutenir pareille thèse reviendrait à se rendre soi-même si pas coupable, à tout le moins complice, de cette fraude massive ainsi que toutes les graves irrégularités qui ont été relevées.

Son Excellence Monsieur Le Ministre,
Vu sous l’angle du DROIT PENAL, la fraude est un acte qui a été réalisé en utilisant des moyens déloyaux destinés à surprendre un consentement, à obtenir un avantage matériel ou moral indu ou réalisé avec l'intention d'échapper à l'exécution des Lois. L’acte frauduleux est celui qui cherche à se procurer un avantage illégal par le biais d’une manipulation illicite de certaines données.

Une infraction est consommée quand il y a la conjonction de l’élément moral et l’élément matériel comme éléments constitutifs du fait réprimandé. L’attitude de la CENI en soi est SUFFISANTE pour représenter l’élément moral s’ajoutant aux faits matériels constatés par tous, sauf peut-être par votre « Gouvernement Papillon», comme constituant une infraction à la Loi Electorale congolaise de 2006 devant tout au-moins amener à l’invalidation de ces scrutins et à disqualifier les résultats, déclarés théologiquement fiables, publiés par Monsieur NGOY MULUNDA, après trois tentatives infructueuses.

Quand on considère comment la CENI a œuvré et l’absence de transparence qu’elle a entretenue aussi bien avant, pendant qu’après les scrutins, d’aucuns conviendraient à admettre que la CENI s’est plutôt livrée à la commission d’un CRIME ORGANISE.

Son Excellence Monsieur Le Ministre,
Vous savez pertinemment bien ce que vaut la justice congolaise. Au cas où vos services ne vous auraient pas assez renseigné nous vous prions de prendre connaissance de plusieurs rapports des organismes internationaux relativement au volet cours et tribunaux ainsi que des multiples rapports traitant de la même question. En un mot, nul n’ignore la subordination du pouvoir judiciaire au pouvoir exécutif (entendez au candidat Joseph KABILA) ainsi que la corruptibilité des magistrats congolais.

En effet, laissez-nous, Son Excellence Monsieur Le Ministre, vous rappeler que les documents émis par la Justice Congolaise sont SYSTEMATIQUEMENT REJETES par vos administrations publiques. Ces documents doivent faire l’objet d’une procédure particulière et draconienne auprès de vos différentes représentations diplomatiques en RDC pour être admises par votre administration.
Dès lors comment pourriez-vous, dans les mêmes circonstances de temps et d’espace, demander aux congolais et au monde entier de faire confiance à la justice congolaise ?
Une Cour Suprême renforcée, il y a peu et en pleine période de campagne électorale, de près de 20 magistrats peut-elle faire autre chose que ce que son ordonnateur en attend ?

Faut-il croire, Son Excellence Monsieur Le Ministre, que vous venez là sans doute de créer en précédent judiciaire et administratif en ce qui concerne la reconnaissance et/ou la validité des documents émis par l’administration et/ou les instances judiciaires congolaises. C’est notamment le cas des jugements supplétifs d’acte naissance produits par la justice congolaise qui doivent préalablement être authentifiés par votre ambassade avant de produire leurs effets en Belgique. Poursuivant fidèlement votre logique les actes et/ou documents émis par l’administration et la justice congolaises seront purement et simplement acceptés par la Belgique comme étant valides.

Cependant, nous notons avec ravissement que votre réaction de déception à la décision de la CSJ tend à conforter Monsieur Etienne Tshisekedi dans son refus d’accorder un quelconque crédit à cette justice partisane et dépendante. Si vous croyez, Monsieur Le Ministre, un seul instant à la justice congolaise soyez assuré que vous êtes certainement le seul à y croire.

Son Excellence Monsieur Le Ministre,
En dépit du comportement irresponsable et illégal des autorités politiques et judiciaires congolaises, la CENI comprise, quelle n’a pas été notre surprise d’apprendre que la position de Belgique est de ne pas remettre en question l’ordre des résultats sans apporter la moindre preuve objective sur laquelle elle s’asseyerait. En ce compris, les derniers propos de l’ambassadeur belge en poste à Kinshasa, Mr Dominique Struye de Swilande lorsqu’il déclare au cours d’un entretien avec le journal congolais Le Soft International N°1144 publié le 23 décembre 2011 : « Moi, je garde confiance dans la CÉNI pour qu’elle publie dans les jours qui viennent des résultats qui pourraient être contestés par certains candidats devant la Cour suprême ». Des propos que nous jugeons insultants à l’égard de l’ensemble du peuple Congolais, surtout qu’ils interviennent après l’annulation de votre voyage à Kinshasa à la suite de l’attitude que vous avez dit regretter de la part de cette CSJ dans le traitement du recours introduit par le candidat Vital Kamerhe de l’UNC.

Cette position du gouvernement belge est énergiquement reprouvée par le Peuple Congolais et sa diaspora, qui la perçoit comme une provocation de mauvais augure de votre part et de celle de votre ambassadeur en poste à Kinshasa, et peut-être interprétée comme une marque de complicité tacite de votre Gouvernement à ce hold-up électoral.

Si le jeu démocratique consiste à assister et/ou soutenir la fraude et la tricherie alors BRAVO pour cette belle leçon de démocratie.

Son Excellence Monsieur Le Ministre,
En notre qualité des membres de la diaspora, contribuables en Belgique, nous saisissons également cette opportunité pour vous interpeller au sujet de la publication dans la presse belge francophone et néerlandophone du document de l’Agence Nationale de Renseignement congolais relatant de façon détaillée l’implication de ce service d’Etat à la réélection de Mr. Kabila en utilisant certaines méthodes interdites par la Convention de Vienne de 1961 qui régit les relations consulaires en matière d'inviolabilité des ambassades.

Il sied non sans intérêt de rappeler que l’aide au développement accordée par le royaume de Belgique à la RDC, procède des efforts des contribuables belges et ne profitent pas vraiment au congolais qui doit vivre avec un revenu inférieur à 2$ US. Le contribuable belge dont se réclame une bonne partie de la diaspora congolaise de Belgique souhaiterait être édifié sur les informations très graves faisant état d’une possible infiltration de l’ambassadeur belge en poste à Kinshasa et ses collaborateurs.

En effet, cette pratique d’infiltration de l’ambassade de Belgique en RDC est INTOLERABLE et contraire au droit international. Par conséquent, nous vous demandons ou demandons au parlement belge (dont certains membres recevront une copie du présent mémorandum) de diligenter une enquête indépendante pour évaluer l’ampleur de cette infiltration supposée de l'ambassadeur belge en poste en RDC et ses collaborateurs. Cette enquête devra analyser en profondeur, toutes les procédures impliquant leurs prises de position ou leurs recommandations au Gouvernement Belge dans le cadre de la politique belge vis-à-vis de la RDC.

Dans le cadre de cette enquête, il s’agira entre autres de rassurer les contribuables belges - qui consentent des sacrifices énormes en cette période de crise économique et financière sans précédant – que certaines prises de position de la Belgique par rapport à la politique congolaise n'ont pas été directement ou indirectement dictées ou influencées par les effets induits de cette éventuelle infiltration de l’ambassade belge en RDC par l’ANR, suivant l’analyse du quotidien De Morgen du 21 décembre 2011. Cette nécessité d’enquête est d’autant renforcée à la suite de l’entretien susmentionné de Mr. De Swielande avec le journal Le Soft International. Ce, dans la mesure où certains propos de l’ambassadeur, jugés plutôt complaisants avec le régime de Kabila, tendent à outrepasser le « devoir de réserve » auquel sont tenus les diplomates.

Son Excellence Monsieur Le Ministre,
Dans l’intérêt général de nos populations respectives, nous invitons la nouvelle génération politique belge à bien se rendre compte que la résolution de la présente crise en RDC lui offre une opportunité inédite de considérer le Peuple Congolais comme un Peuple mature, politiquement éveillé et qui ne se laissera plus dicter son destin. Le Peuple Congolais invite le monde politique belge à privilégier un bilatéralisme basé sur le partenariat politique avec des dirigeants congolais responsables, bénéficiant du soutien effectif de leurs populations, pour l’intérêt commun de nos deux pays. A cet égard, le peuple Souverain de la RDC vous informe solennellement qu’il entend s’assumer pleinement et usera de tous les moyens légaux et/ou autres à sa disposition pour faire prévaloir ses droits.

Son Excellence Monsieur Le Ministre,
Aujourd’hui, nous congolais de la DIASPORA, nous nous posons de sérieuses questions au sujet de cette désinvolture politique belge et nous posons des questions sur les motivations profondes de l’anachronisme de cette politique étrangère belge et plus spécialement en ce qui concerne la parodie électorale du 28 novembre dernier en particulier !

Le peuple congolais souhaite ne pas connaître le schéma ivoirien car avec ses 6.000.000 de morts il a déjà payé le plus lourd tribut humain de l’histoire de l’humanité à cause de la barbarie et de la bêtise humaine, en particulier des dirigeants indignes, sous le regard indifférent voire complice de la communauté internationale. En voulant à tout prix imposer Joseph Kabila à la tête de l’Etat congolais contre la VOLONTE de la majorité des congolais exprimée dans les urnes, quel exemple de démocratie votre pays, la Belgique, qui vient de sortir d’une très longue période de crise électorale, sans occasionner des pertes humaines, voudrait-elle donner au monde entier et au peuple congolais ?


Son Excellence Monsieur Le Ministre,
Nous admettons qu’il y a eu des débordements lors des dernières manifestations des congolais à Bruxelles comme cela est parfois le cas lors des manifestations publiques. Nous les réprouvons et dénonçons avec force. Cependant, à voir de bien près, que valent les quelques poubelles renversées et vitres cassées ça et là et autres actes de vandalisme comparativement au silence que vous affichez à l’égard du régime de Mr. Kabila lorsque les forces de sécurité sous son autorité tuent et répriment violemment des congolais exprimant leur droit constitutionnel de manifester publiquement.

Aussi curieux que cela puisse paraître, le vendredi 23 décembre dernier, une marche pacifique a été autorisée à Anvers. Plus de 500 personnes étaient présentes au rendez-vous sous l’encadrement des policiers anversois. Pas le moindre heurt constaté ni la moindre casse constatée. Pas d’hélicoptères. Pas de chiens avec et/ou sans muselière. Les policiers à pied et/ou à bicyclette ont accompagné les manifestants tout au long de leur parcours.

C’est ici l’occasion de saluer le professionnalisme des policiers anversois qui n’ont pas brillé dans une démonstration de force excessive ni la provocation comme c’est bien souvent le cas à Bruxelles.

Son Excellence Monsieur Le Ministre,
Nous nous permettons de vous rappeler que les différents services sous les ordres de Mr KABILA marchent allègrement sur les vies des populations civiles congolaises au mépris de leur rang, qualité et du caractère sacré de la vie humaine. Aucune fois le peuple congolais n’a entendu l’ambassadeur belge en RDC ni l’Union européenne enjoindre à Mr KABILA l’ordre de retirer les chars des voies publiques à Kinshasa et de s’abstenir de commettre toutes sortes de violences sur les manifestants.

En revanche, la diaspora congolaise s’était fort indignée par la démarche de l’ambassadeur de la Belgique à Kinshasa qui s’est empressé de faire pression sur Monsieur Etienne Tshisekedi pour que ce dernier instruise ses soi-disant partisans de la diaspora d’arrêter les casses et autres actes de violence. Ceci est une indication sérieuse que la Belgique est décidée à méconnaître et nier les motivations profondes sous-tendant les manifestants de la diaspora congolaise se trouvant aux quatre coins du monde.

Pour votre gouverne, ces manifestants, tout comme les signataires du présent mémorandum, ne sont pas tous des Tshisekedistes encore moins des membres de l’UDPS comme vous avez résolu de les présenter dans une certaine presse partisane. Ce sont des ressortissants congolais qui veulent relayer auprès de l’opinion publique belge et international le désarroi ressenti par la majorité des congolais privés des libertés publiques et droits fondamentaux à Kinshasa où tous les organes de presse et de médias sont contrôlés et censurés par le régime de Mr. Kabila. Cette diaspora congolaise est décidée à poursuivre son combat avec pugnacité jusqu’à ce que Justice lui soit rendue, jusqu’à ce que la victoire du peuple congolais obtenue au prix du sang et de mille sacrifices lui soit rendue. Cette diaspora ne réclame qu’une chose à savoir le RESPECT de la VERITE des URNES.



Son Excellence Monsieur Le Ministre,
Quelle est cette république démocratique qui censure l’information, qui musèle la presse, qui reprime les manifestants, qui déploie des chars de combat dans toute la ville, qui suspend l’envoi des sms, que Mr KABILA s’apprête à construire?

Si on a véritablement été élu majoritairement comme certains l’affirment comment expliquer toutes ces mesures coercitives. A-t-on vraiment besoin des chars pour réprimer ceux dont on affirme qu’ils vous ont voté ou suspendre l’envoi et la réception des sms par les mêmes électeurs?
N’est-ce pas là des indices troublants d'un pouvoir qui redoute son peuple censé l'avoir élu et qui essaie plutôt de s’imposer par la force et de gouverner par défi ?


Son Excellence Monsieur Le Ministre,
Alors que la Belgique est sous le coup de l’émotion de la tragédie de Liège allant même à remettre en cause le fonctionnement de son système judiciaire, la reconnaissance par votre Gouvernement de Monsieur Kabila comme président de la RDC n’est ni plus ni moins perçue par l’ensemble du Peuple Congolais de partout comme un signe de soutien sans condition au statu quo, à un pouvoir dictatorial, prédateur, autoritaire, répressif et policier que votre parti le MR contribue à maintenir depuis 2006.
Nous vous recommandons pour mémoire la lecture du rapport du, député britannique Eric Joyce, chef de la commission parlementaire britannique sur la gestion d’Etat par le régime de Mr. Kabila. Ce dernier déclare en substance « qu’un trou dans la caisse de plus de cinq milliards de dollars en à peine cinq ans, soit autant que le pillage organisé par Mobutu en 32 ans de règne sans partage. »

Son Excellence Monsieur Le Ministre,
Nous tenons enfin à vous informer en termes clairs que le peuple congolais fera usage de son droit fondamental contenu dans l’article 64 de la Constitution lui reconnaissant le devoir de faire échec à tout individu ou groupe d’individus qui prend le pouvoir par la force.

Nous laissons à Dieu et à l’Histoire le soin de vous juger et de juger votre Gouvernement quant à l’attitude que vous adopterez face à la reconnaissance de Monsieur Kabila comme président. En même temps, nous osons croire qu’en ouvrant un brin d’espoir, même si nous ne nous faisons pas d’illusion au regard des vos prises de position ainsi que celles de votre parti vis-à-vis du Congo, que vous mettrez à profit votre passage au 15 rue des Petits Carmes pour marquer positivement la mémoire collective congolaise et vous ranger du côté de ce Peuple congolais opprimé depuis des siècles. Certains de vos prédécesseurs l’ont fait à l’époque dans des conditions similaires et nous citons pour mémoire, le Ministre Willy Claes qui n’a pas hésité à déclarer en 1996 quil fallait désormais considérer Mr Mobutu comme un personnage du passé et qu’il faudra désormais travailler à l’après Mobutu. Nous pouvons également citer le courage de Mr Karel De Gucht qui n’a pas manqué le courage de dénoncer à maintes reprises les dérives et l’irresponsabilité sociale et politique du régime de Mr. Kabila.

Toutes choses étant égales par ailleurs, Son Excellence Monsieur Le Ministre, c’est ce même sursaut de courage politique et diplomatique que la Diaspora congolaise de Belgique, l’ensemble du Peuple congolais et l’opinion publique belge, particulièrement flamande, lassée de constater une certaine complaisance d’une partie de sa classe politique vis-à-vis du régime de Mr. Kabila, attend de vous vis-à-vis de Mr. Kabila.

Nous vous saurions gré d’accorder à notre démarche, à l’instar de Monsieur Koen Vervaeke de l’UE, le bénéfice de l’urgence et vous prions de recevoir en même temps, Son Excellence Monsieur Le Ministre, nos meilleures salutations en vous présentant nos vœux les meilleurs pour l’an 2012 au moment où la majorité de la population congolaise vit sous les chars de combat, dans l’insécurité orchestrée par les hommes en armes de Mr. Kabila en cette période symbolique de fin d’année et n’a pas de quoi mettre sous la dent pour ces fêtes.

C’est en leur nom que nous vous prions, Son Excellence Monsieur Le Ministre, de recevoir le présent mémorandum afin d’y porter une extrême attention.


Fait à Bruxelles, le 27 décembre 2011



MUTAMBAYI Laurent, Juriste

WONDO Omanyundu Jean-Jacques, Criminologue et Analyste politique

MBUYI Tshibuabua Dieudonné, Avocat

EPENDA Diogène, Sociologue

AMBA Baudouin, Journaliste

MOTO Michel, Analyste Politique

NZUNDU Marcel, Artiste

YAMBA Gilbert, Prêtre

RAMAZZANI Guy

KINDINDI Gaeten

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